« Chassé-croisé Casablanca Paris »
Auteurs :
Bouchaïb Bahbouhi et Patricia Manzano
Quoi de plus fondateur qu’une rencontre ? J’ai le sentiment que les plus beaux accomplissements sont nés grâce à l’influence d’un autre ou d’une autre.
Quoi de plus inspirant que la perspective d’un nouveau commencement ?
Qu’est ce qui a le pouvoir de ré-enchanter son monde intérieur, quand le monde ici-bas ne tourne pas rond ? Mais vraiment plus du tout !
Quel est ce désir profond qui nous tend vers l’autre ?
Quand j’y pense, je me dis que ma démarche d’écriture n’a rien de vraiment programmé. Pas d’études littéraires bien que je sois une lectrice vorace et assidue. Pas de formation d’écrivain à proprement parler, bien que j’aie écrit mon premier livre en 2017, dans le cadre d’une formation de biographe. Ce premier ouvrage non publié est le récit d’Arlette. Il est né d’un échange vraiment émouvant avec une vieille dame (Arlette) qui voulait faire la paix avec elle même d’abord, avec ses enfants ensuite. Un chemin de vie tortueux mais une personnalité puissante et digne. Cette collaboration m’avait réellement enchantée, presque transformée moi-même par un jeu de miroir subtil. J’ai appris que, en tant qu’êtres humains, nous vibrons aux mêmes émotions, souffrons des mêmes manquements à notre dignité, recherchons le bonheur et la joie du partage. J’ai continué sur le chemin de la biographie et c’est ainsi que j’ai accompagné une autre personne dans l’écriture de son récit de vie. Le livre qui est né de cette collaboration a été publié. Un encouragement pour tous deux car, depuis, cette personne est devenue mon compagnon et mon partenaire en écriture.
Quoi de plus fondateur qu’une rencontre ? Je suis inspirée par les histoires de vie, chaque personne recèle des richesses que, peut être, elle même ne soupçonne pas. J’aime qu’on me raconte des histoires vécues. Pas par une sorte de curiosité vaguement malsaine mais parce qu’elles m’aident à réfléchir à mon propre parcours et provoquent quelquefois de bénéfiques prises de conscience.
Après l’expérience passionnante de l’écriture biographique, j’ai eu envie d’aller plus loin. Et j’ai démissionné pour me consacrer pleinement à l’activité d’auteur, activité tellement plus riche d’enseignements, plus créative, que ne l’était mon travail antérieur. J’avais la possibilité de le faire, financièrement d’abord, et du fait que je n’étais plus en charge de famille. Alors je l’ai fait et depuis près de trois ans, trois des livres que j’ai co-écrit avec mon compagnon ont été publiés. Lui apporte l’inspiration, je tiens la plume.
Nous partageons un destin similaire par de nombreux aspects, nos chemins se sont croisés pour nous raconter d’abord et, de fil en aiguille, nous nous sommes pris au jeu : pourquoi ne pas raconter à d’autres (potentiels lecteurs) des histoires dont les personnages traversent des situations qui nous sont familières, car peut-on écrire ce que l’on ne connaît ni ne ressent ?
Nous sommes tous deux issus de l’immigration. Mon père était un républicain espagnol réfugié en France pendant la retirada et mon compagnon est né à Casablanca. Après des études scientifiques en France, il s’y est finalement installé. Notre premier roman « Chassé-croisé Casablanca Paris » raconte l’histoire d’un exil mais c’est, d’abord et avant tout, l’histoire d’une rencontre amoureuse. Une romance dont la trame se situe à Casablanca, puis à Paris, puis du côté de Nantes, pour revenir à Paris et de nouveau à Casablanca. Une boucle de six ans qui sera, pour le personnage principal, Abdel Karim, une sorte de parcours initiatique, du fait de sa confrontation avec un mode de vie et une culture étrangère.
Abdel Karim est un jeune casablancais d’à peine trente ans qui débarque à Paris pour rejoindre sa jeune épouse franco-marocaine, Noura. En foulant le sol français, il fait un saut dans l’inconnu. Il n’est pas préparé au changement radical qui l’attend. Etudiant en histoire, il rêve de reprendre ses études et de gagner une place honorable dans son pays d’accueil aux côtés de son épouse. Mais auparavant, il doit se débarrasser de son penchant à la rêverie et à la contemplation. C’est un penseur, plutôt solitaire, passionné par les analyses et les déductions intellectuelles. Mais, très vite, la réalité s’impose. Il doit gagner sa vie. Il ne doit pas faire peser sur les seules épaules de la douce et déterminée Noura, la charge de leur vie commune ; leur union n’y résisterait pas. Sa pensée, souvent désordonnée du fait que les bons repères lui manquent, doit se discipliner. Et cela passe par la compréhension de son environnement et la volonté de relever les défis qui s’imposent.
Le soutien de son épouse et celui de sa belle-famille lui donneront le courage nécessaire pour franchir les obstacles. Mais, pour autant, réussira t-il le pari de l’intégration ?
Á travers la sensibilité romanesque, nous avons voulu montrer les difficultés du parcours d’immigration, mais aussi l’ouverture et la richesse dont sont porteurs les échanges entre des cultures différentes. Ce roman est le fruit d’une espérance ; celle de continuer à tracer les chemins de la concorde entre les différentes communautés vivant sur un même sol.
Patricia Manzano
