SANTA MADRE
Entre les années 80 et 90, durant ma scolarité, et surtout à partir du collège, nul programme politique et socio-éducatif ne fut jamais plus proche de la perfection…
En ce temps-là, dans le XIXème arrondissement, proche des buttes-Chaumont, la population des quelques mulâtres et autres basanés, élevés par des mères célibataires, était régulée dans les classes comme des cancres, ne pouvant tout juste espérer pour leur avenir, qu’une évolution dans un monde de prolétaires et d’ouvriers, sans cesse repoussé vers la périphérie de Paris.
Au milieu de l’enfance, jusqu’à la fin de l’adolescence, à part peut-être pendant mes pérégrinations à travers les rues de ce paradis, je fus alimenté secrètement par une maman et un tonton de la contre- culture d’une gauche émergeante. Ainsi, très vite je fus galvanisé par cet esprit de résistance, grâce aux premiers comics américains tombés du camion de l’imprimeur N.M.P.P, la fulgurance du mouvement punk contestataire, légèrement empreint de la tradition d’après-guerre …
Ma mère et mon Oncle aimaient énormément la lecture, la musique et danser. Tout ceci éveilla en moi très vite un intérêt et une passion pour les histoires, le dessin et la musique rock.
N’ayant pas le luxe de la télévision, pendant très longtemps, dans les deux pièces, où je vivais aussi avec ma grand-mère, c’est donc occasionnellement chez cet oncle, à l’arrière de son petit bar à Montreuil, que je visionnais mes premières séances de films, sur des cassettes-pirates avec l’antique magnétoscope …
Dans le 19ème, plus-tard, je ne rentrais plus chez moi, et c’est chez mon ami d’enfance de la cité d’en face, que je peaufinais à l’extrême ma culture de série B et Z, de métal-hurlant, d’Hara-Kiri, et de lecture alternative, qui ont tant nourri mes rêves, et atténué la douleur des échecs de mon quotidien.
Toute ma volonté, mon énergie et mon talent n’ont jamais été canalisé par quelques professeurs et donneurs de leçons que ce soit, ou si peu…
Ce que vous lisez de moi, viens aussi d’une époque où nous devions aussi apprivoiser la rue, entre la naissance et la mort d’une contestation qui pouvait être violente…
J’ai sûrement cet ego hyper développé de métisse, n’adhérant pas à la case où on aurait bien aimé me coller… Jusqu’à aujourd’hui, j’essaye d’évoluer librement, grâce ou (à cause) de cette fusion des genres…
En d’autres circonstances, mon cerveau aurait peut-être évolué vers l’excellence de la microchirurgie,
Je sais à peine lire et écrire, mais c’est déjà ça .. !
