Tout bon roman contient des dialogues soignés et vivants qui permettent de donner du rythme au récit et de donner des voies aux personnages. Ils sont presque essentiels, même si certains auteurs arrivent à s’en passer.
Mais attention, un dialogue n’est pas aussi facile à écrire qu’il n’y paraît. Il ne s’agit pas juste de faire parler ses personnages. Un dialogue finement construit demande de la réflexion et une certaine expertise.
=> Dans cet article, nous vous fournissons de précieux conseils pour écrire des dialogues incarnés et passionnants.
Cet article a été rédigé par les conseillers littéraires de « Publier son Livre »
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Un bon dialogue est un dialogue utile
Le dialogue ne doit pas être utilisé juste pour faire parler les personnages et encore moins pour aérer le texte. Un bon dialogue est un dialogue qui s’impose à l’auteur, comme demandé par ses propres personnages. Ils sont là à implorer d’être entendus !
Plus sérieusement, chaque dialogue doit apporter quelque chose qui ne peut pas être apporté d’une autre manière, ils servent effectivement à aérer le texte en donnant plus de reliefs à l’action et aux discussions, mais ils ne doivent pas s’arrêter à cela. Les dialogues sont aussi et surtout de merveilleux outils pour donner plus de corps aux personnages.
Dialogue utile veut dire qu’il apporte quelque chose à l’intrigue. Si vous doutez de l’utilité de votre dialogue, posez-vous ces questions :
« Pourquoi mon personnage veut parler ? »
« En quoi les réponses aident à comprendre l’intrigue ».
Parfois, le dialogue sert juste à donner du rythme, mais le plus souvent, il permet de divulguer des informations de manière dynamique et incarnée.
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Diversifier les voix des personnages
Les dialogues sont d’autant plus réussis quand ils permettent de donner une voix unique à chaque personnage. En effet, si toutes les répliques sont prononcées de manière identique, le dialogue peut s’avérer redondant et plat. Ce sont en fait de belles opportunités pour marquer des différences de langage chez les personnages. Certains ont une manière plus familière de parler, d’autres hésitent beaucoup, certains emploient des termes pompeux tandis que d’autres utilisent un vocabulaire très banal.
Pour vous aider, il est préférable d’écrire des dialogues à côté pour chaque personnage. Faites-les parler, entraînez-vous, trouvez des expressions qui soient propres à chacun. Prenez l’exemple du capitaine Haddock dans Tintin avec ses insultes rigolotes. Insérez des tics de langage comme « tu vois », « genre » ou « ouais ».
Plus la manière de parler d’un personnage est marquée et plus il est facile pour le lecteur de s’y retrouver. Il n’aura même pas besoin d’incises pour savoir qui parle.
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Incarner les émotions
De la même manière que vos personnages doivent avoir leur propre manière de parler, il est essentiel d’arriver à véhiculer des émotions au travers du dialogue sans les nommer. Ainsi quelqu’un qui se met en colère ne parle pas de la même manière que quelqu’un qui est joyeux.
Ne lésinez pas sur l’utilisation de phrases toutes faites qui permettent de comprendre dans quel état est votre personnage comme « j’en ai marre », « je n’en peux plus » « je ne tiens plus en place ».
Pour incarner les émotions, vous pouvez aussi utiliser à loisir la ponctuation qui permet de traduire l’hésitation avec les « … », la surprise, la peur ou la joie avec le point d’exclamation, l’interrogation avec le point d’interrogation, la fermeté avec le point, etc.
Évitez de décrire les émotions dans les descriptions ou les incises, trouvez plutôt le moyen de les faire transparaître dans les dialogues, cela donnera plus de naturel à votre texte.
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Jouez sur le court et le long
Une autre manière d’influer sur le ton des dialogues et de varier la longueur des phrases. En effet, une personne qui a peur ou qui est en état de choc aura tendance à prononcer des phrases courtes, une personne sûre d’elle se lancera dans de long discours ou interrompt fréquemment les autres. Des phrases courtes peuvent aussi donner des conversations plus rythmées comme dans un échange vigoureux entre deux personnes. À l’inverse, deux amoureux auront tendance à dire de longues phrases poétiques. Il en va de même pour des débats sur des sujets complexes.
Les longs échanges peuvent prendre place, certains auteurs arrivent très bien à placer des monologues, mais ce n’est pas l’exercice le plus simple. Dans ces cas-là, il est préférable de marquer des pauses en décrivant la scène, le paysage ou en faisant penser le personnage pour laisser le lecteur respirer un peu avant de reprendre le dialogue.
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Évitez les dialogues trop « vrais »
Donner une voix à vos personnages ne veut pas dire en faire une caricature. Attention particulièrement à ce point. Si les voix bien marquées peuvent être utiles, trop d’exagération dans ce domaine peut vite lasser le lecteur. Pour qu’un roman se lise bien, il faut quand même conserver un ton similaire tout au long du récit. Les voix doivent se démarquer sans pour autant sortir le lecteur du roman.
Les exagérations peuvent aussi décrédibiliser vos personnages. Si on reprend l’exemple du capitaine Haddock, personne ne parle ainsi dans la vraie vie.
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Penser au contexte
Les dialogues peuvent parfois être longs et prêter à confusion. Une bonne technique pour éviter cet écueil est de placer des descriptions, que ce soit du paysage, de la pièce dans laquelle se déroule le dialogue ou encore des pensées des personnages. Le contexte peut apporter des éléments décisifs au dialogue.
Par exemple un simple « il prit le temps de digérer l’information avant de répondre » peut donner plus de crédibilité au dialogue. En effet, dans la vraie vie, il est très rare que nous ne faisions que parler. Nous sommes en train de regarder quelque chose, nous soupirons, nous bougeons. Il ne faut pas oublier que le langage est constitué aussi de gestuelle et d’intonations. Les phrases écrites hors dialogues permettent d’imager les conversations et de leur donner plus d’authenticité.
Exemple :
— Que se passe-t-il ?
— Je ne sais pas.
— S’il te plaît, dis-le-moi !
Elle n’osait pas le regarder dans les yeux.
— C’est trop difficile…
— Mais j’ai besoin de savoir !
Il faisait des aller-retours devant la porte, les poings serrés.
Ses phrases permettent de donner un contexte et d’appuyer les émotions qui sont présentes dans le dialogue.
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Ajouter des pauses
De la même manière que la description du contexte, les pauses sont essentielles pour faire respirer les personnages et les lecteurs. En effet, les dialogues peuvent être fastidieux à lire et à intégrer à la lecture du roman. Les pauses, qu’elles soient contemplatives ou informatives, enrichissent les dialogues et donnent du temps pour l’intégration.
Les pauses comme nous l’entendons ici sont des pauses dans le récit. La conversation s’arrête car un bus s’est arrêté, une autre personne à fait irruption, le téléphone sonne ou la communication s’est coupée. Là encore, la pause donne plus d’authenticité au récit en reproduisant des situations courantes dans la vie réelle.
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Variez les incises
Les incises sont des grands classiques du dialogue et si elles peuvent être évitées bien des fois, elles restent encore des incontournables pour un grand nombre d’écrivains.
L’incise la plus connue est le fameux « dit-il » ou « dit-elle » qui apparaît dans presque tous les romans. Si elle doit être utilisée avec parcimonie, elle reste l’une des plus efficaces. Elle rappelle qui est en train de parler et c’est souvent le but premier de l’incise. Parfois, l’incise permet aussi d’ajouter un peu de contexte. Par exemple : « dit-il en ajustant son nœud de cravate ».
Si les incises doivent être minimisées dans les dialogues, il est difficile de s’en passer. Même si vos personnages sont très bien dessinés et que chacun a une voix unique, les incises peuvent donner du rythme, rappeler au lecteur qui est en train de parler et alléger certains dialogues trop longs.
Il est fortement conseillé de varier les incises en trouvant des synonymes au « dit-il » et autres « répond-il ». Pour autant, il ne faut pas non plus forcer le trait et rester dans le ton du roman. Vous ne pouvez pas placer des incises trop sophistiquées si le narrateur parle simplement dans le reste du récit. Certains romanciers font le choix de n’utiliser que des « dit-il » et assument la redondance. Cela peut même être vu comme un style particulier.
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Avec un tiret ou sans un tiret ?
Si les dialogues des grands classiques de la littérature ont tous des tirets, il est de plus en plus fréquent de rencontrer des ouvrages ou les dialogues ne sont pas démarqués par ceux-ci. C’est une formule moderne qui a fait ses preuves et qui doit toutefois être choisie en conscience. Les dialogues doivent être particulièrement précis et évident pour que cela fonctionne.
Exemple :
Elle marchait dans la rue quand une voix l’interpelle.
Hé !
Que veux-tu? Je t’ai déjà tout dit.
Mais laisse-moi…
Non ! Je n’ai plus rien à te dire.
Dans ces cas-là, les incises sont souvent inexistantes. Ces dialogues demandent encore plus de soin que les dialogues classiques avec tirets et incises. Il ne faut en tout cas pas hésiter à tenter l’aventure. Des dizaines de romans sont publiés chaque jour et la littérature d’aujourd’hui fait une grande place à l’innovation, même dans la forme du récit.
Cependant, un petit conseil : il est préférable de ne pas mélanger des dialogues avec tirets et des dialogues sans. La cohérence reste importante.
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Relire à voix haute
Dernier conseil avant de clore cet article. Un bon dialogue est un dialogue qui fonctionne à voix haute. C’est un conseil que nous donnons aussi pour l’écriture d’un roman. En relisant à voix haute, il est plus facile de se rendre compte des éventuelles erreurs de ponctuation, de grammaire ou des incohérences, qu’elles soient visibles dans la forme ou le fond du récit.
Pour aller encore plus loin, vous pouvez demander à un ami de lire le dialogue avec vous. Essayez de changer les voix pour donner encore plus de corps à vos personnages. Peut-être qu’alors vous aurez de nouvelles idées pour incarner encore mieux leurs dialogues.