Ecrire une nouvelle est un art bien précis. Une nouvelle est un récit court et rythmé qui permet en quelques pages de raconter une histoire. La nouvelle est un genre à part qui répond à des critères très précis. Elle se caractérise par sa brièveté, son rythme et sa chute.
C’est un genre très reconnu dans le monde anglo-saxon et qui a un peu moins d’aura en France. Elle représente pourtant un très bel exercice d’écriture et permet d’appréhender les histoires de manière différente.
L’objectif de cet article est de faire le point pour écrire les meilleures nouvelles, et plaire à vos lecteurs, en décortiquant la structure de ce genre littéraire particulier.
Consultez aussi notre article sur les schémas narratifs à connaître.
Cet article a été rédigé par les conseillers littéraires de Publier son Livre.
Qu’est-ce qu’une nouvelle ?
La nouvelle est un récit généralement court qui reprend les codes du roman. C’est un récit avec une intrigue, des personnages et une chute amenée avec plus ou moins de subtilité. Elle se différencie des micro-récits, des novelas ou encore des fables pour plusieurs raisons :
- Un format court, mais pas trop
Contrairement au micro-récit qui contient généralement moins de 150 mots, la nouvelle peut contenir entre 150 et 17 500 mots. C’est une fourchette très large qui explique pourquoi il est difficile de classer la nouvelle. En effet, la nouvelle ne se définit pas vraiment par le nombre de mots qu’elle contient.
- Pas de morale
Contrairement aux fables et aux contes, la nouvelle ne présente pas une morale et n’a pas pour but de donner une leçon. Elle s’apparente beaucoup plus au roman et est souvent considérée comme un roman court.
- Rythme et chute
La nouvelle se définit au final principalement par la manière dont elle est écrite. Elle est forcément rythmée et concise. Pas de longues descriptions, elle va droit au but et permet de mettre en valeur des personnages, des scènes de vie, des scènes d’actions. La nouvelle va vite et amène inévitablement à une chute qui doit être surprenante sans être forcément théâtrale. Plus elle est subtile, mieux c’est.
- Un personnage unique, une scène unique
S’il y a des exceptions, la nouvelle se concentre généralement sur un fait ou une personne. On peut la considérer comme un zoom sur un personnage ou un événement marquant.
En conclusion, une nouvelle est un récit qui compte moins de 17 500 mots, qui raconte de manière concise un événement, une action, un personnage et qui se termine par une chute subtilement amenée.
Comment écrire une nouvelle ?
Nous vous avons concocté un petit guide pour écrire une nouvelle en 7 étapes.
Première étape pour écrire une nouvelle : l’idée
Comme expliqué plus haut, la nouvelle est généralement construite autour d’une idée unique. Cela peut être une situation, une scène de vie, un événement marquant. Avant de commencer à écrire une nouvelle, il est préférable de dénicher en premier lieu une idée.
De nombreux écrivains se baladent avec un carnet dans la poche pour noter toutes ces idées qui fleurissent parfois dans les endroits les plus incongrus. Un homme qui regarde en l’air et qui trébuche, le chat disparu de la voisine, l’inquiétant miroir des toilettes du bar d’à côté, ce voisin mystérieux qui n’ouvre jamais ses rideaux.
Parfois, tout en trouvant l’idée, on a déjà idée de quelle sera la chute. La mort d’un personnage, un cri, une découverte, ou juste un canard qui avale un mot doux. Les nouvelles les plus marquantes sont souvent celles qui n’ont pas l’air d’avoir une chute… tout en ayant réussi à surprendre le lecteur.
Ne cherchez pas nécessairement à trouver la chute tout de suite. Parfois, elle s’impose d’elle-même et se présente au cours de l’écriture. Pour vous entraîner, écrivez sur ce qu’il y a autour de vous, votre voisin, votre conjoint, la femme de la boutique de souvenirs, le vendeur de téléphone ou la serveuse du restaurant. Pour que les idées viennent, il faut pouvoir les recevoir. C’est un entraînement à part entière !
Deuxième étape : le thème
Une fois que vous avez l’idée, il est bon de savoir quel est le thème votre nouvelle. C’est quasiment indispensable pour rendre le récit universel et toucher le lecteur. Ce thème vous aide également à rédiger votre nouvelle en vous donnant une ligne directrice. Il existe plusieurs manières pour trouver le thème :
- Un mot
Vous pouvez choisir ce que vous voulez : l’amour, la vérité, la mort, le jugement ou encore l’imaginaire.
Si vous choisissez la mort, vous savez que vous allez écrire dessus et cela influe sur le ton de votre nouvelle. On n’écrit pas pareil en parlant d’amour ou de mort. Une fois le thème choisi, on peut se poser quelques questions : Qu’est-ce que la mort pour moi ? Qu’ai-je envie de dire sur la mort ? Si vous savez ce que vous avez envie de dire avec un récit, cela aide le lecteur à le découvrir également.
- Un concept
Parfois, le thème peut être un concept entier que l’on peut exprimer avec une phrase. Par exemple, les robots prennent le contrôle du monde ou la Bretagne est un monde où l’imaginaire côtoie le réel. Là aussi, le concept vous permet de donner le ton de la nouvelle ainsi qu’une direction. Cela peut également être quelque chose du genre l’amour gagne toujours à la fin ou la vengeance est un plat qui se mange froid. Là aussi, questionnez-vous sur cette phrase et comment elle résonne en vous.
- Une question qui soulève une problématique
La question est une très bonne manière de donner le ton à une nouvelle. Qu’est-ce qui est bien et qu’est-ce qui est mal ? Pour exprimer la dualité ? Où va le monde ? De quoi sera fait demain ou encore comment cuisiner les patates à l’eau ? Tous les thèmes sont bons.
Dans ce cas, la nouvelle va répondre à cette question, ce qui permet d’entrée de structurer le récit.
Troisième étape : le genre
Il n’est pas nécessaire de définir un genre dès le début. Il s’impose souvent à lui-même. Pour autant, ce n’est pas une mauvaise idée de se le préciser d’entrée pour s’aider dans la rédaction de la nouvelle. En effet, on n’écrit pas une nouvelle de science-fiction comme on écrit une nouvelle romantique. Si vous êtes plus dans la Fantasy, il est conseillé de lire des nouvelles ou des romans Fantasy pour vous imprégner du ton et des références qui vont avec.
Si nous lisons des nouvelles historiques, nous retrouvons des schémas qui ne sont pas obligatoires mais qui permettent au lecteur de s’y retrouver.
Il existe une multitude de genres : fantasy, aventure, réaliste, horreur, romance, SF, Punk, anticipation, noir, espionnage, historique, etc.
Quatrième étape : l’intrigue
Comme nous l’avons expliqué précédemment, la nouvelle se différencie du roman par sa concision. Ainsi, il est essentiel de limiter l’intrigue à un événement principal, une situation, une scène. Même si plusieurs sous-intrigues viennent automatiquement, il est préférable de les laisser en dehors de l’intrigue, quitte à ensuite écrire des nouvelles sur chaque sous-intrigue !
En effet, la nouvelle a pour but de nous plonger rapidement dans le feu de l’action et de nous y garder en haleine jusqu’à la chute finale. Pour cela, les sous-intrigues ne font que sortir le lecteur de l’intrigue principale et sont donc contre-productives.
Choisissez l’intrigue qui correspond le mieux à votre idée de départ, le thème et le genre de votre nouvelle.
Cinquième étape : le plan pour écrire une nouvelle
Une fois l’intrigue définie, vous pouvez passer au plan.
Il existe plusieurs méthodes pour écrire une nouvelle, et il n’y en a aucune qui est meilleure que l’autre. Certains écrivains ne supportent pas les plans, ils préfèrent la liberté de la plume et laisser l’histoire se construire au fur et à mesure, d’autres en revanche étudient minutieusement chaque aspect de l’histoire avant de commencer sa narration.
Libre à vous de vous choisir votre méthode, mais l’exercice du plan est instructif. Si vous bloquez, n’hésitez pas à y avoir recours.
Le plan classique de la grande majorité des romans, nouvelles, séries et films est constitué ainsi :
- Situation de départ
Le décor est posé, l’époque située et les personnages présentés.
- Élément perturbateur
Un événement vient chambouler l’ordre établi. Une rencontre, un accident, une découverte. C’est le début de l’intrigue.
- Péripétie
L’aventure commence, le ou les personnages évoluent au travers de situations qui se succèdent. Généralement, il y a une alternance choisie de situations agréables et désagréables qui amènent à un climax.
- Dénouement
Le climax se compose d’une résolution de l’intrigue, quelqu’un est trouvé, un méchant est tué, il dit qu’il aime, etc.
Dans les nouvelles, la résolution n’est pas automatique et on remplace le dénouement par une chute qui ne donne pas forcément de réponse à l’intrigue.
Il existe d’autres types de plans et leurs déclinaisons est infinie. On peut inverser les différentes parties du plan, les mélanger, enlever une partie, ajouter des parties. De manière générale, suivez votre instinct. Quand on a une idée, on a souvent aussi un plan qui se déroule naturellement.
Sixième étape : les personnages
La concision de la nouvelle invite à se concentrer sur le moins de personnages possibles. Bien entendu, libre à vous de transgresser cette règle, mais pour débuter, nous conseillons d’en rester à un personnage. Pour que la nouvelle soit captivante et que le lecteur soit accroché, le développement du personnage est essentiel.
En effet, ce qui nous tient en haleine dans une histoire n’est pas tant ce qui se produit dans cette histoire, mais plutôt comment le personnage va réagir. C’est un processus d’identification qui se fait de manière très naturelle chez le lecteur ou le spectateur. On s’identifie souvent au héros, mais pas que. Parfois, ce sont les rôles annexes qui nous parlent le plus.
Pour que l’identification fonctionne, le personnage doit être crédible. C’est le point le plus essentiel, il ne doit pas être au service de l’histoire mais c’est l’histoire qui doit être à son service.
Ainsi, votre personnage doit être vivant. Pour cela, il existe de nombreuses techniques qui peuvent être combinées :
- Choisir quelqu’un qui existe
La plus simple, je prends mon père et je change son nom. On prend une personne que l’on connaît et on la met en scène dans l’histoire.
- Établir une fiche personnage
Pour créer un personnage, on établit une liste qui le définit avec par exemple : âge, taille, couleur de cheveux, études, lieu de naissance, ce qu’il aime ou n’aime pas, son meilleur ami, son hobby, son équipe de foot préférée, son secret le mieux gardé, sa peur la plus grande, etc.
- Le dessiner ou prendre une photo existante
Si vous avez en tête son apparence physique, ce sera plus facile de l’imaginer.
- Raconter son histoire
Vous pouvez parler de lui, raconter son enfance ou l’histoire avant l’événement de la nouvelle qui n’apparaîtra pas, mais permettra de donner de l’épaisseur au personnage.
- Développer sa manière de parler
Comment parle-t-il ? Trouver une communication qui lui soit propre pour qu’il existe en dehors de vous par sa voix.
Septième étape : La chute de la nouvelle
Vous avez presque terminé ! Il reste le plus important, la chute !!!
Pour cela, il n’y a pas de méthode. La subtilité de la chute est assez complexe et les meilleures nouvelles sont souvent celles qui n’en ont pas (tout en sachant qu’une non-chute et une chute en soi!).
Pour exemple, on peut recenser quelques types de chutes classiques :
- La chute conclusive
Elle se contente de répondre à l’intrigue. Le personnage y est arrivé… ou pas !
- La chute mystérieuse
On ne dit pas ce qui se passe. L’intrigue reste en suspens et c’est au lecteur d’imaginer la chute. Elle descend les escaliers et disparaît…
- La chute ironique
Elle fait rire et demande une certaine maîtrise de l’humour dans l’écrit. Et il se prend la balle qu’il a tirée dans les fesses !
- La chute révélatrice
Elle révèle un fait qui n’est pas apparu avant et constitue une surprise. En fait, on est sur mars !
- La chute inattendue
C’est un revirement de situation, tout ce que vous croyez est faux ! Le tueur n’en est pas un !