L’écriture fait partie de notre quotidien, que ce soit pour écrire des lettres, des listes de course, des commentaires, des textos, des articles ou encore une page de notre journal intime. L’utilisation fréquente de l’écriture la rend parfois banale, pourtant, écrire possède des vertus souvent insoupçonnées, que l’on appelle l’écriture thérapeutique.
Boris Cyrulnik, par exemple, a notamment exploré l’importance de l’écriture et de la narration dans notre psyché et notre capacité à surmonter des traumatismes. D’après lui, l’écriture est un très bon vecteur de guérison.
Mais attention, il ne suffit pas d’écrire des mots pour que tout aille bien. L’écriture peut s’avérer un outil très précieux au niveau thérapeutique, mais elle ne doit en aucun cas se substituer à un suivi médical spécialisé en cas de dépression ou autres malaises sérieux.
L’écriture thérapeutique, qu’est-ce que c’est ?
L’écriture thérapeutique n’est pas une discipline et ne dispose donc pas d’une définition préétablie. Il existe plusieurs manières de lier l’écriture à la thérapie et si l’on prend le docteur Cyrulnik au mot, nous pourrions dire que du moment que nous commençons à « nous » raconter, nous entrons dans un processus thérapeutique.
Mais dans cet article, nous aborderons l’écriture thérapeutique comme un ensemble d’outils réflexifs ayant pour objectif l’introspection, la prise de recul et la réécriture de soi.
Liste non exhaustive d’outils d’écriture thérapeutique
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1. Le journal intime
C’est un grand classique qui ne se limite bien entendu pas à l’écriture thérapeutique. Cela dit, toutes les personnes qui ont tenu un journal intime seront sans doute d’accord avec nous quand nous affirmons que tenir un journal régulier aide à se sentir mieux.
Plusieurs raisons à cela, le journal intime est un espace à la fois de confidence et de décharge. Tout d’abord il permet d’écrire des mots que l’on n’oserait pas écrire. Ensuite, il permet de se relire et de prendre du recul par rapport à ce qu’on écrit, une distance salutaire au moment de prendre des décisions. Enfin, il offre un très bon aide-mémoire pour se souvenir de ce que nous avons traversé. Nous rappelons que qui dit thérapie, dit souvenirs.
Comment faire ?
Tenir un journal intime est assez simple. Pour autant, nous avons quelques petits conseils. Pour garder le rythme, il est essentiel d’y prendre plaisir en choisissant un joli carnet, de beaux stylos et en soignant votre écriture. Plus le carnet est beau et plus vous aurez envie d’écrire dedans et de le relire ensuite. Il est aussi conseillé de choisir un temps régulier, le matin, la pause de midi, ou le soir qui deviendra un rendez-vous immanquable.
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2. L’auto-portrait positif
C’est un petit exercice facile à réaliser qui peut sembler un peu ridicule au début mais dont l’efficacité est redoutable. Notre quotidien est souvent jonché d’injonctions négatives et nous sommes souvent les premiers à nous critiquer. Pour inverser la tendance, cet exercice vous invite à dresser votre portrait en utilisant que des adjectifs positifs. C’est une bonne manière de commencer la journée. Vous pouvez vous décrire physiquement, mais aussi parler de votre caractère et de ce que vous faites dans la vie.
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3. Le récit de vie
Cet outil est inspiré par « Le jour j’écrirais des soleils » de Boris Cyrulnik. Il y parle notamment de la nécessité de réécrire notre histoire pour guérir des traumatismes auto-conditionnés. En effet, certains traumatismes peuvent être renforcés année après année par la narration que nous en faisons. Par exemple, si nous avons trompé notre femme ou notre mari, nous pouvons nous juger encore et encore pendant des années. Il est alors conseillé de raconter ce morceau de notre vie en apportant tout le recul que nous avons gagné depuis. Cette nouvelle lumière peut changer le narratif et nous aider à faire la paix avec nos actions passées.
=> Voir l’article : comment démarrer son récit de vie
Dans cet exemple, réécrire la rupture en parlant des soucis de couple, de la nécessité de respirer peut vous amener à vous considérer comme un homme ou une femme courageuse qui a osé se choisir avant de choisir la respectabilité sociale.
Si vous avez un doute sur la justesse d’un tel procédé en vous questionnant notamment sur l’authenticité, nous rappelons que rien n’est véritablement la vérité. Tout ce qui est vécu est forcément interprété. Ainsi, nous vivons tous des fictions et nous en resterons à jamais les auteurs.
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4. Le je de l’émotion
Cet exercice consiste à donner une place aux émotions qui ont tendance à rester tapies dans l’ombre. Nous avons en première ligne la colère ou la honte qui aime se cacher. L’exercice consiste à lui donner une voix et de raconter sa journée ou ce qu’elle ressent en utilisant la première personne du singulier.
Les émotions sont des alliées que nous avons tendance à refouler et cet exercice permet de les libérer le temps d’un exercice. Et si ce que les émotions ont à dire vous fait peur, vous pouvez toujours brûler la feuille après !
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5. L’écriture automatique
Cousine de l’exercice précédent, l’écriture automatique permet de laisser la place à tout ce qui a envie de prendre la place. Il suffit de prendre un crayon ou d’ouvrir son ordinateur et de laisser sortir tout ce qui vient.
Le but est de ne pas faire attention aux erreurs de syntaxes ou d’orthographe et de laisser les mots sortir comme ils veulent. De même, la cohérence de ce qui est écrit n’a aucune importance. Il faut juste laisser s’échapper tous ces mots (ou ces maux) qui se sentent à l’étroits dans nos esprits.
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6. La décharge émotionnelle
Une autre variante qui consiste cette fois-ci à exulter tout ce qui a besoin de sortir mais sur un sujet précis. Par exemple, votre patron peut vous e…… franchement et vous avez besoin de l’insulter de tous les noms. Dans ce cas-là, il est déconseillé de le faire directement sous peine de répercussions malencontreuses.
Cependant, déverser votre haine contre une personne sur un papier que vous pouvez ensuite brûler ou jeter à la poubelle ne présente aucun risque. Lâchez-vous et laissez venir les mots sans retenue. C’est un simple espace de décharge qui vous permettra ensuite de vous sentir libéré et prêt à reconsidérer la situation sous un nouvel angle.
Si vous hésitez encore, pensez aux enfants qui effectuent des décharges émotionnelles facilement. Une fois qu’ils ont crié dans tout le magasin qu’ils vous détestent, ils deviennent souvent adorables. L’expression des émotions est essentielle et hautement thérapeutique.
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7. La lettre à soi
Sur un autre registre, un très bon outil thérapeutique et de s’écrire à soi-même. En effet, il ya beaucoup de choses que l’on aimerait se dire et que l’on ose pas toujours, pas peur du ridicule ou parce qu’on se dit tout simplement que ce n’est pas nécessaire.
L’exercice paraît là aussi un peu ridicule, et pourtant, il est efficace. Envoyez-vous à vous-même une lettre bien écrite avec un timbre. Mettez-y ce qui vient, écrivez une lettre d’amour, d’encouragement, de félicitations, de soutien. Tout est le bienvenu. Quand vous la lirez, vous comprendrez les vertus thérapeutiques d’un tel exercice.
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8. Et la variante temporelle
Vous pouvez aussi vous écrire une lettre au passé ou au futur. Elle peut être adressée à vous-même enfant. Vous pouvez alors vous dire des choses que vous auriez aimé entendre à cette époque, vous rassurez, vous encouragez, vous rappelez que vous vous aimez ou que vous allez y arriver.
De la même manière, essayez d’écrire à votre version future en vous souhaitant tout plein de bonnes choses.
Tous ces exercices peuvent être pratiqués seuls ou en groupe.
La présence d’autres personnes peut être stimulante et encourageante. Mais elle peut aussi être intimidante, à vous de trouver ce qui vous convient le mieux.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas.