La plupart des écrivains rêvent d’écrire le roman qui captivera l’attention de ses lecteurs au point qu’ils ne pourront plus le lâcher des mains, le fameux « page turner » comme l’appellent les Américains.
Il n’y a pas de recettes miracles, il faut nécessairement une bonne dose de talent et beaucoup de travail, mais il existe quelques astuces qui permettent de composer des romans addictifs. Ces ressorts sont également utilisés par l’industrie cinématographique et notamment les créateurs de séries télévisées. L’un des artifices fréquemment exploité est le suspense.
Le suspense peut être considéré comme un art tellement il est délicat à manier.
Dans cet article, nous vous proposons 10 conseils pour devenir un véritable maître du suspense.
Cet article a été écrit par les conseiller littéraires de Publier son Livre.
Le suspense, qu’est-ce que c’est ?
Avant de distiller nos conseils, définissons ensemble la notion de suspense. D’après Aristote qui s’est beaucoup penché sur la question, le suspense ne peut exister que lorsqu’il y a un danger plus ou moins proche ou lointain qui menace un ou plusieurs protagonistes. Ainsi, le suspense est lié à la peur. C’est ce que l’on retrouve traditionnellement dans les films d’épouvante. Pour autant, le suspense ne se résume pas à un sentiment de peur et peut englober beaucoup plus de nuances allant de l’inquiétude à l’effroi total.
En effet, les maîtres du suspense n’auront généralement pas recours aux ressorts grossiers qui effraient une audience, le suspense n’est jamais aussi intense que quand il s’immisce dans les détails d’une scène. Il est ce petit soupçon qui nous accompagne et qui attise notre curiosité. Il est parfois si subtil que nous ne savons même pas qu’il y en a.
Mais le suspense ne fonctionne pas s’il n’y a que de la peur. L’espoir est tout aussi important et nous pouvons conclure que le suspense et cet équilibre qui se fait entre la peur d’un danger et l’espoir de sa disparition. Il est synonyme de questionnement : Va-t’il y arriver ? Que va-t-il se passer ? Va-t-elle s’en sortir ?
Il n’est efficace que s’il est crédible. Attention donc à ne pas y aller avec vos gros sabots !
=> Voir l’article 6 schémas narratifs et structures de récits à connaître
Téléchargez gratuitement notre fiche de synthèse « Comment créer du Suspense ? »
Nos conseils pour écrire un roman à suspense
Voici une liste non exhaustive de petits conseils pour mettre du suspense dans votre histoire. Rappelez-vous que ce sont surtout des guidances qu’il ne faut pas suivre à la lettre. Le suspense est forcément inattendu et imprévisible. Apprenez à sortir des sentiers battus pour confondre votre lecteur… sans toutefois le perdre ! C’est tout l’art du suspense.
-
Une ambiance
Il existe plusieurs manières de créer du suspense dès le début d’un roman. L’une des plus classiques est de créer une ambiance imprégnée de tension et de mystère. Plus le monde décrit est diffus et vague et plus le lecteur se posera de questions. Vous connaissez par exemple tous l’exemple de la rue noire empreinte de brume ou le hangar désaffecté ou encore le marais sordide à la pleine lune. Ces décors permettent de donner le ton au roman en plongeant le lecteur dans une ambiance incertaine.
Il est aussi possible de définir l’ambiance en fonction du vocabulaire employé ou en choisissant un style particulier. Ainsi, des phrases courtes et rythmées donneront un sentiment d’urgence tandis-que des descriptions longues et détaillées ralentissent le récit.
-
Faire ressentir la peur au lieu de la nommer
Qui dit suspense, dit peur, mais attention ! Il ne suffit pas de la nommer. Il est beaucoup plus efficace de faire ressentir la peur plutôt que de simplement dire avec un gros panneau « attention, danger! ».
Par exemple, dans « En se retournant, il était mort de trouille en voyant une silhouette effrayante sortir du buisson », vous nommez la peur au lieu de la ressentir. Nous pouvons réécrire cette phrase de manière plus subtile :
« Il se retourna et sentit son ventre se contracter en apercevant une ombre sortir du buisson. »
-
La course contre le temps
Le temps est un ressort très utilisé dans la création du suspense. En effet, plus le rythme est accéléré et plus le sentiment d’urgence se fera sentir. Qui dit urgence, dit danger. En effet, le danger ne prend pas forcément la forme d’un méchant ou d’une situation dangereuse, la fuite du temps suffit souvent pour inquiéter un protagoniste.
De grands romans à suspense tirent profit de ce suspense « naturel » lié au temps qui passe.
Si l’on regarde les grands blockbusters hollywoodiens, on réalise qu’une grande majorité sont basés sur l’idée que le monde peut être détruit et tout le film se résume à lutter contre cette éventualité. À la fin, tout va bien, les héros ont gagné, la tension disparaît et l’audience peut respirer !
-
L’étirement du temps
Le temps peut aussi s’utiliser d’une autre manière pour créer du suspense. Prenons par exemple une scène où le protagoniste va enfin résoudre son problème. Il est possible d’étirer le temps pour cette partie du roman.
Si vous avez utilisé un rythme rapide avec des phrases courtes pour les chapitres précédents, ralentissez d’un coup en étirant le temps pour raconter la scène de la résolution. En prenant le temps de décrire chaque détail, vous augmentez encore un peu plus la tension qui arrive à son paroxysme juste avant la résolution.
N’hésitez pas à jouer avec le temps en accélérant ou en décélérant suivant les moments. Le sentiment d’impatience chez le lecteur est en fait une manifestation de son inquiétude. S’il est inquiet pour la suite, c’est que le suspense opère !
-
Terminer ses chapitres avec une annonce
C’est un grand classique des romans à suspense qui a été depuis repris à outrance par les créateurs de séries télévisées. L’idée est simple et facile à exécuter, elle consiste en une sorte d’amuse-bouche que l’on va distiller à la fin de chaque chapitre. Cela peut s’agir d’une action brutalement interrompue, ou d’une nouvelle question qui survient brusquement.
Les séries en abusent et donnent parfois l’impression que leur seul objectif de tout le film est de faire consommer des chapitres. Attention à ne pas tomber dans cet écueil. Un bon auteur à suspense est avant tout un auteur qui a quelque chose à dire. Si vous n’écrivez que pour créer du suspense, c’est bien dommage. C’est davantage un outil pour rendre l’histoire plus intrigante et passionnante, mais il ne doit pas se substituer à elle.
-
Avoir plusieurs choix
Outre le danger, le suspense apparaît avec l’incertitude et celle-ci peut se manifester de bien des manières. Une très bonne incitation au suspense est celle du choix cornélien. N’hésitez pas à en offrir plusieurs à vos protagonistes pour créer cette angoisse qui précède toute décision. Le choix est une véritable dictature et pour beaucoup de monde, il représente en soi un danger. En effet, choisir, c’est renoncer, c’est prendre un risque.
Apprenez aussi à bien mettre en scène ce choix en prenant le temps de poser les différentes éventualités et en étirant le temps suffisamment pour bien faire comprendre que ce choix est difficile à prendre.
-
Travailler l’inattendu
Le suspense est synonyme de surprise. C’est pourquoi il est essentiel de cultiver l’inattendu tout au long du roman. Pour ce faire, il faut non seulement faire attention à ce que l’intrigue générale soit surprenante, mais aussi soigner son style d’écriture en évitant les clichés. Si vous incarnez un inspecteur par exemple, évitez le profil du dépressif alcoolique qui s’est fait quitter par sa femme ou celui du policier qui sacrifie sa vie personnelle pour son travail. Vous pouvez aussi être original dans le dénouement de l’intrigue en essayant de sortir du classique triptyque du scénario : un événement vient perturber le quotidien protagoniste, il fait face à une énigme et la résout.
De manière générale, lorsque le lecteur ne sait pas ce qui va se passer, cela crée du suspense automatiquement.
-
Omniscience
L’usage de l’omniscience est un ressort qui peut être utilisé pour créer du suspense, même si ce n’est pas le plus répandu. Dans ce cas, l’auteur peut divulguer des informations au lecteur que le protagoniste ignore.
Ainsi, Le lecteur a des éléments clés de l’intrigue et se demande comment va faire le protagoniste qui est laissé dans l’ignorance. Ce ressort est efficace, mais il demande une bonne maîtrise de l’omniscience pour ne pas divulguer trop d’informations ou rendre l’histoire trop prévisible.
=> Voir la fiche de personnages à télécharger
-
Créer des rebondissements
Tout comme terminer son chapitre par une intrigue, les rebondissements sont parfois utilisés à outrance, que ce soit dans les romans ou à la télévision. Si cet événement inattendu est très efficace pour créer du suspense, il peut s’avérer contre-productif dans la répétition. Rappelez-vous du fameux conte de la brebis et de l’enfant qui appelle au loup. Au bout d’un moment, le lecteur risque de se lasser et de ne plus être surpris.
Insérez donc des rebondissements pertinents sans forcer la main. Amenez-les de la manière la plus subtile possible.
-
Une introduction mystère
Pour terminer cette liste de conseils, nous vous invitons à utiliser un ressort très commun dans les polars, mais qui peut apparaître également dans d’autres genres littéraires. Cette astuce consiste à poser un mystère dès le premier chapitre et de le laisser dormir tout le reste du roman jusqu’à la fin. Par exemple, vous pouvez décrire un meurtre ou parlez d’un événement mystérieux dans un prologue.
Tout au long du récit, vous y ferez référence discrètement pour continuer de susciter l’intérêt du lecteur en faveur de la résolution de ce mystère.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter