Écrire un roman, c’est entreprendre un voyage dans les méandres de l’imagination, où chaque mot compte et chaque page est un pas de plus vers la création d’un univers unique.
Mais avant de plonger dans l’océan des mots, chaque auteur se trouve confronté à une étape cruciale, souvent sous-estimée : la création d’un plan pour un roman.
Dans cet article, nous allons explorer l’art de structurer ses idées avant de les transformer en chapitres et en paragraphes.
Un plan pour un roman se travaille mieux sur un fichier Excel, un document Word, une mind-map ou un carnet tout simplement.
L’essentiel est de pouvoir raturer, supprimer, découper des éléments pour les replacer ailleurs.
Que vous soyez un architecte littéraire rigoureux ou un jardinier des mots qui laisse ses idées germer au gré du vent, la création d’un plan solide est un atout incontestable. Il sert de boussole dans l’odyssée de l’écriture, permettant d’équilibrer la liberté créative avec une structure cohérente et engageante.
Téléchargez le modèle de plan en PDF pour votre roman (c’est une fiche de plan pour un roman), à personnaliser :
Cet article a été rédigé par les conseillers littéraires de Publier son Livre.
I. Pourquoi faire le Plan de son roman ?
1. La Créativité et le Plan
L’idée que structurer son roman en amont bride la créativité est un mythe persistant. Pourtant, c’est tout le contraire. Concevoir un plan est en réalité un processus créatif profondément enrichissant.
Il vous invite à explorer les recoins de votre imagination pour structurer vos idées, à imaginer des fins explosives, à tisser des intrigues secondaires captivantes, et à définir l’évolution de vos personnages.
C’est un terrain de jeu où vous pouvez expérimenter, tester et peaufiner vos idées. Et loin de limiter votre créativité, un plan bien conçu offre un cadre sécurisant qui libère votre esprit et encourage les élans créatifs spontanés.
2. Qualité et Structure
Une structure solide est le socle sur lequel repose votre roman. Elle confère à votre récit une cohérence et une fluidité qui captivent le lecteur du début à la fin. En planifiant votre histoire, vous créez une charpente solide qui soutient chaque chapitre, chaque personnage, et chaque rebondissement.
Cela vous permet de concentrer vos efforts sur l’enrichissement de votre prose, la profondeur de vos personnages, et l’immersion de vos descriptions. Un plan bien pensé est un gage de qualité, minimisant les incohérences et assurant que chaque élément de votre récit contribue à l’ensemble de manière significative.
Lisez aussi l’article : 6 structures narratives à connaître
3. Intimidation de l’écriture
Face à la page blanche, nombreux sont les auteurs qui ressentent une certaine intimidation. Un roman, avec ses multiples facettes et sa complexité, peut sembler une montagne insurmontable. Ici, le plan s’avère être un allié précieux.
En décomposant votre récit en étapes claires et gérables, le plan dissipe les incertitudes et vous guide pas à pas à travers le processus d’écriture.
Il transforme l’épopée de l’écriture d’un roman en une série d’objectifs plus petits et réalisables, rendant le projet dans son ensemble moins intimidant et plus accessible.
C’est une boussole qui vous oriente et vous rassure, vous permettant de vous concentrer sur une scène à la fois, tout en gardant une vision claire du chemin à parcourir.
II. Comprendre la structure et le plan
La structure en 3 actes et la structure en 4 actes sont deux des méthodes les plus populaires pour organiser une narration.
Cependant, elles servent des objectifs différents et peuvent influencer profondément le rythme et l’impact de votre récit.
1. Structure en 3 actes vs 4 actes
La structure en 3 actes est la plus traditionnelle, souvent utilisée dans les contes, les pièces de théâtre classiques, et de nombreux films.
Elle consiste en un début (mise en place), un milieu (confrontation), et une fin (résolution). Prenons l’exemple de « Cendrillon ». Le premier acte introduit Cendrillon et sa triste situation.
Le deuxième acte dépeint la transformation de Cendrillon et le bal où elle rencontre le prince.
Le troisième acte clôture l’histoire avec la recherche de la propriétaire de la pantoufle de verre et l’heureux dénouement.
Cependant, la structure en 3 actes peut parfois présenter des défis, notamment dans la gestion du milieu de l’histoire, qui peut s’avérer long et moins captivant.
C’est là que la structure en 4 actes entre en jeu.
Elle se propose d’ajouter de la profondeur et de la dynamique en divisant l’histoire en quatre parties distinctes : mise en place, réponse, attaque et résolution.
Prenons « Le Seigneur des Anneaux ». Dans une structure en 4 actes, le premier acte introduit le monde et les personnages.
Le deuxième acte montre la formation de la communauté et leur réponse initiale à la menace de Sauron.
Le troisième acte présente une série de défis et de conflits plus intenses, culminant avec des victoires et des pertes significatives.
Le dernier acte résout l’histoire avec la destruction de l’Anneau et le retour à la paix.
2. Avantages de la structure en 4 actes
La structure en 4 actes offre plusieurs avantages :
Évite le syndrome du milieu mou : En divisant le milieu en deux parties distinctes, cette structure maintient l’élan narratif et évite les longueurs qui peuvent survenir dans le deuxième acte de la structure en 3 actes.
Clarté dans la progression : Chaque acte a un début et une fin clairement définis, ce qui facilite la gestion du rythme de l’histoire et maintient l’intérêt du lecteur.
Flexibilité et créativité : Bien qu’elle offre une structure claire, la structure en 4 actes laisse suffisamment de place pour la créativité et peut être adaptée à différents genres et styles de narration.
Focus sur le développement des personnages : En accordant plus d’espace et de temps à l’histoire, les auteurs peuvent explorer plus profondément les arcs des personnages et les rendre plus complexes et nuancés.
III. Méthodologies de planification
Planifier un roman n’est pas une science exacte, mais une série de choix créatifs guidés par la structure narrative choisie.
Que vous optiez pour une structure en 3 actes, en 4 actes ou une autre, la méthodologie de planification que vous adoptez peut façonner de manière significative le processus d’écriture.
Voyons quelques approches courantes et comment elles peuvent s’intégrer dans le cadre de différentes structures narratives.
1. Brainstorming : poser les bases de votre roman
Le brainstorming est le processus de génération d’idées sans filtre ni jugement. C’est une étape fondamentale pour poser les bases de votre roman. Pendant cette phase, concentrez-vous sur quatre éléments principaux : le thème, l’intrigue (et les intrigues secondaires), les personnages et les lieux.
L’exemple de « Harry Potter » de J.K. Rowling.
On peut imaginer que Rowling a commencé par noter des idées dispersées : un monde de sorciers caché, un jeune garçon avec une cicatrice en forme d’éclair, une école de magie, etc. Ces idées, une fois organisées et développées, sont devenues la base de l’intrigue, des personnages et des lieux iconiques de la série.
2. Structure de l’intrigue : suivre le fil narratif
Structurer votre intrigue consiste à décomposer votre histoire en étapes clés, souvent en suivant un schéma narratif de base. Cette structure peut comprendre une situation initiale, un élément déclencheur, des péripéties, un climax, un élément de résolution et une situation finale.
L’exemple « Le Comte de Monte-Cristo » d’Alexandre Dumas.
Dumas utilise une structure narrative classique pour construire son intrigue. La situation initiale présente Edmond Dantès, jeune marin prometteur. L’élément déclencheur survient lorsqu’il est injustement emprisonné.
Les péripéties se déroulent pendant et après son séjour en prison, incluant sa découverte d’un trésor et sa transformation en Comte de Monte-Cristo. Le climax est atteint lorsqu’il confronte ses ennemis, et l’intrigue se résout avec la chute de ces derniers et la rédemption de Dantès.
3. Découpage narratif : organiser les évènements
Le découpage narratif implique de diviser votre histoire en sections ou chapitres, chacun avec son propre début, milieu et fin. Cette méthode peut vous aider à maintenir une tension narrative constante et à assurer une progression harmonieuse de l’intrigue.
L’exemple de « Game of Thrones » de George R.R. Martin.
Bien que complexe, avec ses nombreux personnages et intrigues entrelacées, chaque chapitre de « Game of Thrones » se concentre sur un point de vue spécifique, avançant l’intrigue tout en développant le personnage central du chapitre.
4. Spécificités du genre : respecter les conventions tout en innovant
Chaque genre littéraire possède ses propres conventions en termes de structure et de développement d’intrigue. Un bon plan prend en compte ces spécificités tout en laissant la place à l’innovation et à la créativité.
Exemple concret : « Le Guide du voyageur galactique » de Douglas Adams.
Bien que clairement ancré dans le genre de la science-fiction, le roman de Adams brise plusieurs conventions du genre par son humour décalé et sa narration non conventionnelle, prouvant que la compréhension des codes d’un genre peut aussi servir à les réinventer.
5. Rythme et narration : doser les rebondissements
Le rythme de votre histoire est crucial pour maintenir l’intérêt des lecteurs. Un plan bien structuré vous permet de doser les rebondissements, les moments de tension et de résolution tout au long de votre récit.
Exemple concret : « Les Misérables » de Victor Hugo.
Victor Hugo maîtrise l’art de doser le rythme narratif, alternant entre les scènes d’action rapide et les passages descriptifs plus lents, permettant ainsi au lecteur de reprendre son souffle tout en restant complètement immergé dans l’histoire.
IV. Techniques de planification avancées
Après avoir établi les bases de votre roman à travers le brainstorming et le découpage narratif, il est temps de peaufiner votre plan avec des techniques avancées.
Ces méthodes vous aideront à donner vie à votre histoire, à approfondir vos personnages et à tisser une intrigue complexe et captivante.
1. Plans détaillés vs plans minimaux
Certains auteurs préfèrent élaborer des plans extrêmement détaillés, où chaque scène, dialogue et action est minutieusement planifiée. Cette approche peut être particulièrement utile pour les genres nécessitant une précision rigoureuse, comme les thrillers ou les romans policiers.
Dans « La Fille du train » de Paula Hawkins, pour maintenir le suspense et la tension tout au long du roman, Hawkins a probablement dû planifier méticuleusement chaque rebondissement et chaque révélation, assurant ainsi une montée en tension constante jusqu’au dénouement.
D’autres auteurs optent pour des plans plus épurés (appelés minimaux), esquissant seulement les grandes lignes de l’histoire. Cette méthode laisse plus de place à l’inspiration spontanée et à l’évolution naturelle des personnages et de l’intrigue.
Dans « Sur la route » de Jack Kerouac. Connu pour son style d’écriture spontané, Kerouac a capturé l’essence de la beat generation en laissant son récit se dérouler de manière organique, sans planification rigide.
2. Les cartes à jouer : une méthode interactive pour organiser les scènes
Cette technique consiste à écrire les scènes, les moments clés ou les idées sur des cartes individuelles (physiques ou numériques) et à les organiser de manière visuelle. Cela permet de visualiser facilement l’ensemble de l’intrigue et de réarranger les éléments pour trouver la séquence la plus efficace.
Dans « Le Songe d’une nuit d’été » de William Shakespeare, bien que nous ne puissions pas confirmer que Shakespeare a utilisé cette méthode, la complexité des intrigues entrelacées dans cette pièce suggère une organisation méticuleuse. Les cartes à jouer auraient permis de gérer efficacement les interactions entre les différents groupes de personnages et les transitions entre les mondes réel et féerique.
3. Équilibrage du plan : assurer une structure solide et cohérente
Il est crucial de s’assurer que chaque partie de votre roman contribue à l’ensemble de manière significative. L’équilibrage du plan implique de revoir régulièrement la structure pour identifier les faiblesses, les incohérences ou les longueurs et d’ajuster en conséquence.
Dans « Le Parrain » de Mario Puzo, chaque personnage, chaque événement et chaque conflit dans ce roman est soigneusement équilibré pour contribuer à l’arc narratif global. Puzo a dû évaluer et réévaluer son plan pour s’assurer que chaque élément renforçait l’histoire de la famille Corleone et la tension dramatique du roman.
VI. Conseils pour utiliser et adapter son plan
Une fois que vous avez établi un plan détaillé pour votre roman, il est important de l’utiliser de manière flexible et adaptative.
Un plan n’est pas gravé dans le marbre ; il sert plutôt de guide pour naviguer à travers le processus complexe de l’écriture. Voici quelques conseils pour utiliser et adapter votre plan de manière efficace.
1. Flexibilité du plan
Lorsque vous écrivez, vous pourriez découvrir de nouvelles directions pour votre intrigue ou de meilleures façons de développer vos personnages. Il est essentiel d’être réceptif à ces éclairs d’inspiration et de vous permettre de dévier de votre plan initial si cela sert mieux votre histoire.
Exemple concret : « Les Misérables » de Victor Hugo. Hugo était connu pour sa capacité à intégrer des événements et des idées contemporains dans son travail, même si cela signifiait s’éloigner de son plan initial. Cette flexibilité a contribué à la profondeur et à la résonance du roman.
2. Révision et réajustement
À mesure que votre histoire prend forme, prenez le temps de revenir sur votre plan pour vous assurer que tout reste cohérent. Les changements dans une partie de votre histoire peuvent avoir des répercussions sur le reste, nécessitant des ajustements pour maintenir l’équilibre et la cohérence de l’ensemble.
Exemple concret : « Le Seigneur des Anneaux » de J.R.R. Tolkien. Tolkien a passé des décennies à peaufiner son univers, révisant constamment ses manuscrits pour s’assurer que chaque détail était en harmonie avec l’ensemble de son œuvre.
3. Écouter les retours et s’adapter
Parfois, les retours de vos lecteurs bêta ou de votre éditeur peuvent vous fournir des perspectives précieuses sur votre histoire. Même si cela peut être difficile, soyez ouvert à ces critiques et prêt à ajuster votre plan en conséquence.
Exemple concret : « Orgueil et Préjugés » de Jane Austen. Austen a révisé plusieurs fois son manuscrit, prenant en compte les réactions de sa famille et de ses amis. Ce processus a aidé à aiguiser les dialogues et à approfondir le développement des personnages.
4. Utiliser le plan comme un guide, pas comme une contrainte
Votre plan doit servir de guide pour vous aider à naviguer à travers votre histoire, mais il ne devrait pas vous restreindre. Laissez de la place pour l’exploration créative et ne craignez pas de vous éloigner de votre plan si votre intuition d’écrivain vous y incite.
Exemple concret : « À la recherche du temps perdu » de Marcel Proust. Proust est célèbre pour sa prose expansive et ses digressions. Bien qu’il ait eu une vision claire de son œuvre, il a également permis à son récit de se développer organiquement, résultant en l’un des chefs-d’œuvre les plus renommés de la littérature.
En fin de compte, votre plan est un outil destiné à servir votre processus créatif. L’utiliser de manière flexible et adaptative vous permettra non seulement de construire une histoire solide et cohérente, mais également d’injecter de la vie et de la spontanéité dans votre récit, captivant ainsi vos lecteurs page après page.