Dans l’univers de l’écriture, les termes « jardinier » et « architecte » évoquent deux approches fondamentalement différentes dans la manière de concevoir et d’écrire un roman.
Cette distinction, popularisée par l’écrivain américain de science-fiction et fantasy George R.R. Martin (auteur du Trône de fer, adapté en série sous le nom de « Game of Thrones »), illustre parfaitement la diversité des méthodes d’écriture parmi les auteurs.
Cet article explore en détail ces deux philosophies, et met en lumière la possibilité de fusionner les deux méthodes. Tout le monde n’entre pas dans une case et ce n’est pas souhaitable !
Les architectes en écriture
Les auteurs « architectes » abordent leurs projets avec une planification détaillée, à l’image d’un scénariste ou d’un bâtisseur.
Avant même de poser un mot sur le papier, ils élaborent un plan exhaustif, déterminant le début, le milieu et la fin de leur œuvre. Ils connaissent l’évolution de leurs personnages et la trame de leur histoire dans les moindres détails, s’appuyant parfois sur des cartes, des synopses détaillés ou des tableaux pour organiser leur récit.
Ils utilisent beaucoup de méthodes, de tableaux, de fiches. Par exemple de fiches de personnages.
Cette méthode préventive leur permet d’écrire avec une certaine aisance, leur premier jet étant généralement plus proche de la version finale, bien que des ajustements restent nécessaires.
Elle correspond à un type de personnalité ayant besoin de contrôler, de planifier et d’anticiper, même s’il ne faut pas tomber dans les clichés.
Les jardiniers en écriture
À l’opposé, les auteurs « jardiniers » se lancent dans l’écriture sans plan préétabli, guidés par une idée générale ou un ensemble de scènes.
Ils explorent l’histoire au fur et à mesure, laissant l’intrigue et les personnages se développer organiquement.
Cette approche plus spontanée peut demander un travail de réécriture plus conséquent, à mesure que l’auteur taille et affine son récit pour atteindre la cohérence et la plénitude désirées. Pour les jardiniers, le plan vient souvent après le premier jet, une fois que l’histoire a pris forme.
Elle correspond à un type de personnalité appréciant l’inconnu et se laissant aller à l’inspiration, l’imagination et les évènements.
Un mélange des deux : est-ce possible ?
Bien que les termes jardinier et architecte décrivent deux extrêmes, la plupart des auteurs se situent quelque part entre ces deux pôles.
Beaucoup adoptent une approche hybride, planifiant certains aspects de leur récit tout en laissant d’autres parties se développer librement.
Cette flexibilité permet d’allier les avantages des deux méthodes : la structure et la spontanéité, la planification et la découverte.
Expérimenter avec les deux styles peut aider à trouver l’équilibre qui convient le mieux à chaque projet et à chaque écrivain.
Les différences clés
La principale différence entre les jardiniers et les architectes réside dans leur rapport au processus d’écriture : les architectes privilégient la structure et la préparation, tandis que les jardiniers valorisent la découverte et la flexibilité.
Cette divergence affecte tout, de la façon dont ils abordent le développement des personnages et de l’intrigue, à leur manière de gérer les révisions et les corrections.
Exemples d’auteurs « Architectes »
- J.K. Rowling : L’auteure de la série Harry Potter est connue pour sa planification méticuleuse. Avant même de commencer à écrire le premier livre, elle avait déjà développé un plan détaillé pour l’ensemble de la série, y compris les arrière-plans détaillés des personnages et les intrigues principales.
- Brandon Sanderson : Célèbre pour son travail dans la fantasy, notamment la série Cosmere, Sanderson est réputé pour ses systèmes de magie complexes et ses intrigues bien structurées, nécessitant une planification rigoureuse avant l’écriture.
Exemples d’auteurs « Jardiniers »
- George R.R. Martin : L’auteur de A Song of Ice and Fire, mieux connu sous le nom de Game of Thrones, est probablement l’exemple le plus célèbre de jardinier. Il décrit sa méthode d’écriture comme étant organique, permettant à l’histoire de se développer d’elle-même, ce qui explique parfois la lenteur de sa progression.
- Stephen King : Dans son livre Écriture : Mémoires d’un métier, King se décrit comme un « jardinier », qui plante l’idée comme une graine et la voit croître, parfois de manière surprenante, sans un plan détaillé de l’endroit où l’histoire ira.
Ces auteurs montrent que, qu’ils soient architectes ou jardiniers, l’important est de trouver la méthode qui fonctionne le mieux pour eux, leur permettant de créer des œuvres qui résonnent avec un large public.
Leur succès illustre qu’il n’y a pas de « bonne » façon d’écrire, mais plutôt une méthode qui convient le mieux à chaque créateur en fonction de son processus créatif personnel.
Trois questions pour se situer
- Préférez-vous connaître l’histoire dans son intégralité avant de commencer à écrire, ou aimez-vous découvrir l’intrigue au fur et à mesure ?
- La structure et la planification vous donnent-elles un sentiment de sécurité, ou ressentez-vous une plus grande satisfaction à explorer librement votre créativité ?
- Comment réagissez-vous aux changements inattendus dans votre récit : avec enthousiasme, ou préférez-vous vous en tenir à un plan prédéfini ?
