Quel que soit le mode de publication d’un livre (maison d’édition, auto-édition, impression en direct …), il est toujours utile de s’inspirer des méthodes des professionnels du secteur. Et en particulier de maisons d’édition particulièrement actives.
Sur cette page, vous allez découvrir:
- le témoignage de Camille, directrice éditoriale de Beta Publisher, une maison d’édition de genres. On y parle d’Instagram, de salons du livre et de dédicaces.
- une analyse des méthodes de promotion des éditions Leduc.s. (rachetés par Albin Michel en 2019), maison d’édition diversifiée, dans les livres de développement personnel, et la littérature grand-public avec les éditions Charleston.
Témoignage de Camille, directrice éditoriale de Beta Publisher
– Comment utilisez-vous Facebook pour promouvoir des livres ?
Au début, nous utilisions beaucoup cette plateforme avant de migrer en majorité sur Instagram. Aujourd’hui Facebook est une plateforme de relai d’informations qui nous apporte de la visibilité et qui nous permet de nous tenir au courant sur différents groupes, mais rien de plus en tant que telle.
– Utilisez-vous Instagram pour la promo ?
Énormément. Aujourd’hui, la communauté des bookstagram, comme on les nomme, est beaucoup plus développée sur instagram que sur Facebook. Les jeunes (entre 15 et 30 ans) passent beaucoup de temps dessus ce qui nous permet une audience beaucoup plus large de nos posts.
Sur ce réseau nous procédons à plusieurs types de communication : des posts (suivre le lien), soit des photos de nos romans ou de nos auteurs, des vidéos, mais aussi des story, des publications éphémères, des lives pour nos rencontres auteurs ou encore des réels, soit de courtes vidéos plus ou moins sérieuses sur le monde de l’édition et la vie de notre maison.
– Comment un auteur, édité ou auto-édité, peut-il s’impliquer dans la promotion de son livre ? Qu’est-ce « qui marche » ?
Un auteur peut toujours s’impliquer dans la promotion de son livre et le doit à mon sens, particulièrement lorsqu’il signe avec une maison d’édition à taille humaine, comme nous. L’auteur a un réseau, comme tout un chacun, mais c’est un réseau qui a d’autant plus de chance d’être attentif et réceptif à la sortie du roman. Le bouche-à-oreille marche aussi très bien dans le milieu du livre. Les amis d’amis qui conseillent des livres à leurs amis et ainsi de suite.
Pour s’impliquer dans la parution de son roman, nous conseillons à l’auteur de créer des comptes de réseaux sociaux qui sont dédiés à son roman et à son travail en tant qu’auteur. Il peut communiquer sur le travail édito, la couverture, la date de sortie, etc. C’est un canal supplémentaire qui joue un rôle important dans la communication en amont de la sortie, mais aussi en aval.
Nous avons beaucoup de lecteurs qui aiment, grâce aux réseaux sociaux, discuter avec les auteurs à la suite de leur lecture. Avoir des comptes sur ces réseaux simplifie la communication et rend l’auteur plus « humain » et accessible.
– Quels retours un auteur peut-il espérer d’une participation à un salon du livre ?
Cela dépend beaucoup du salon, du stand et de l’auteur. Il n’y a pas vraiment de règle générale. Un auteur de romance dans un salon dédié à l’imaginaire ne retirera rien de son salon, par exemple. Il faut être sélectif pour ne pas s’éparpiller et perdre son temps.
Si vous êtes un auteur qui écrit de la fantasy à un salon sur l’imaginaire alors vous avez de fortes chances que des gens s’arrêtent sur votre stand. La clef est de discuter avec les lecteurs, d’apprendre à les connaître, de leur parler de votre roman et de créer un lien par la suite : « n’hésitez pas à me faire votre retour sur mon compte insta ! ça me fera plaisir ! ». Personnellement, je déteste les auteurs qui vous alpaguent pour vous vendre leur livre sans s’intéresser à vous. Le lecteur n’est pas un porte-monnaie sur patte, donc attention 😊
– Organisez-vous des dédicaces en librairies ? Comment faites-vous, et quels conseils auriez-vous pour les auteurs sur ce sujet ?
Nous organisons des dédicaces en librairie, en effet. Ce n’est pas quelque chose de simple. Encore quand vous êtes une maison d’édition vous avez un statut qui vous permet d’avoir un côté professionnel évident. Ce n’est pas le cas pour les auto-édités par exemple.
Pour décrocher une dédicace cela demande du temps et d’établir un relationnel avec le libraire. Certains sont tout à fait disposés à donner leur chance à de jeunes auteurs et de jeunes maisons et d’autres moins. Là encore, choisissez bien les libraires qui peuvent être intéressés par votre roman/son genre/son thème, cela vous permettra de gagner en crédibilité et en temps.
– Comment faites-vous pour choisir les livres que vous souhaitez éditer ?
Le choix de nos livres se fait en corrélation avec notre ligne éditoriale et cette dernière est simple : nous ne prenons que les livres qui nous plaisent. Alors quand je dis ça, je dis tout et rien en même temps.
Néanmoins, cela veut dire que nous ne faisons pas de tri préalable en fonction du genre, et cela veut aussi dire que nos critères de sélection ne sont pas rigides et gravés dans le marbre. Les livres que nous choisissons sont des textes qui ont su nous plaire tant par le fond que par la forme, mais aussi par leur originalité. Publier une copie de Harry Potter n’aurait, aujourd’hui, aucun intérêt, car ce serait déjà vu.
Nous recherchons des manuscrits avec une histoire originale supportée par un style (quel qu’il soit, car en avoir c’est déjà bien !).
– Est-ce difficile de choisir ?
Oui et non. Au bout de 50 pages, nous savons très vite si un livre nous plaît ou pas. Donc faire ce premier tri n’est pas compliqué. Là où la tâche devient plus ardue, c’est lorsqu’il faut départager tous les textes qui nous ont plu. Nous ne pouvons pas tous les prendre, car nous voulons offrir des perspectives de parution qui ne dépassent 1 an ou 1 et demi. Cela peut vous paraître beaucoup, mais le temps de procéder au travail éditorial, de faire la mise en page, la couverture et la communication, tout s’enchaîne très vite.
Si vous êtes un auteur ou un éditeur qui se demande comment créer sa propre maison d’édition, alors les conseils et méthodes de notre blog vous seront utiles.
Analyse des méthodes de promotion des éditions Leduc.s
La maison d’édition Leduc.s. a démarré sur le créneau des guides pratiques de santé et développement personnel au début des années 2000, avant de se diversifier progressivement. Elle publie des auteurs de littérature avec sa marque Charleston.
Le groupe a été racheté en 2019 par Albin Michel et publie plus de 300 titres par an.
Voici quelques méthodes très utilisées par la communication de ces maisons.
- Avoir conscience et connaissance de sa cible. « Nos lecteurs sont avant tout des lectrices », avait indiqué dans une interview à l’Express la directrice Karine Bailly de Robien. En connaissant ses futurs lecteurs, l’éditeur saura mieux s’adresser à eux. A elles, en l’occurrence.
- Le budget de publicité passant par l’achat d’espace est limité.
- Communication par effet de réseaux, en ligne et en réel. La stratégie de communication est une stratégie de proximité : réseaux sociaux, évènements, et cercles de premiers lecteurs. « Notre pari, c’est que même si le libraire ne commande pas le livre, la cliente va lui réclamer ! » ajoute la directrice. Les livres s’appuie sur la communauté de l’auteur, la communauté de la maison d’édition, et le travail d’influence que les chargés de communication peuvent réaliser sur les réseaux sociaux. Mais rien ne se ferait sans avoir construit des communautés au préalable.
- Collaboration avec des influenceurs sur Twitter et Instagram. Soit pour le soutien des livres publiés, à travers du sponsoring probablement, soit pour s’appuyer sur l’audience de ces blogueurs/influenceurs, et leur proposer d’écrire un livre.
Sources : editionsleduc.com, lexpress.fr
Cet article pourra être complété par la contribution d’autres maisons d’édition francophones ou étrangères.