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Tribune – Claudine CHASTAGNOL

COMMENT J’EN SUIS VENUE À L’ÉCRITURE

Née au sein d’une famille de littéraires, aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours baigné dans l’univers des mots, de l’écrit. J’ai appris à lire dès l’âge de cinq ans, et les livres ont très tôt fait partie de mon environnement familier, au même titre que la musique classique. À sept ans j’étais d’ailleurs déjà assez bonne en solfège, autre langage, autre écriture que j’ai appris à maitriser. Autour de moi, je voyais fréquemment mon père plongé dans la correction des épreuves de ses écrits savants sur l’histoire romaine, ma mère, professeur de lettres classiques, corriger des copies de thèmes latins, de versions grecques ou de dictées. Je les ai même observés, beaucoup plus tard, effectuant un travail à quatre mains de traduction du latin pour une édition bilingue d’un ouvrage de l’antiquité tardive.

Il n’est donc pas étonnant que dans cet univers du verbe j’aie choisi de me tourner vers les langues vivantes. Bonne élève au lycée en allemand première langue, meilleure encore en anglais deuxième langue, c’est par conséquent cette voie que j’ai suivie. Mais la musique restait toujours très présente, et bien vite mes médiocres prestations au piano ne m’ont pas suffi. Passionnée d’opéra, et ayant au dire de mes proches un joli timbre, je me suis donc lancée dans l’étude du chant classique. Et ce qui bientôt m’a conquise, ce qui convenait le mieux à mon tempérament et à ma voix, plus que l’opéra, c’est l’interprétation de mélodies ou de Lieder : là, le texte est la base même de l’œuvre, avant la musique. Voilà l’éternel dilemme depuis Monteverdi : Prima la musica, poi le parole, ou bien Prima le parole, poi la musica ? Pour ma part j’ai toujours considéré que la seconde proposition était la seule valable pour une interprétation musicale juste.

Diplômes d’enseignement en poche, me voilà donc à partager ma vie en deux parties totalement dissociées :  la journée, professeur d’anglais (médiocrement investie) dans un lycée de la proche banlieue parisienne ; soirées et week-ends, apprentie chanteuse et spectatrice passionnée de concerts ou d’opéras. Quand je regarde aujourd’hui mes anciens agendas, je m’émerveille de cette capacité que j’ai eue à mener de front tant de combats ! J’étais insatiable dans mon désir de connaître et d’expérimenter le répertoire le plus vaste et varié possible. Mais après quelques années de ce régime, je n’y tins plus, ne supportant plus ce métier d’enseignante qui me freinait dans mes aspirations artistiques. C’est donc sans regrets et sans remords que je sautai le pas et quittai l’enseignement pour me consacrer à ma passion.

Ma deuxième vie commençait en 1978, celle de musique, de chant et d’expatriation. Ayant passé de nombreuses auditions, j’ai trouvé en Allemagne les débouchés que j’avais vainement cherchés en France, engagée successivement par le festival de Bayreuth, l’opéra d’Ulm et celui de Cologne. Je passais alternativement de la fonction d’artiste du chœur à celle de soliste et d’interprète de Lieder. C’était une vie exaltante, et qui trouva son apogée lorsque, au bout de sept années, j’auditionnai à l’Opéra National de Paris et y fus engagée comme artiste du Chœur. J’y ai passé vingt-deux années riches en émotions artistiques et humaines, entre l’Opéra Garnier et l’Opéra Bastille.

Mais les plus belles aventures ont une fin, et je fus atteinte par la « limite d’âge ». Quelques années encore, je continuai à me produire en concert ou spectacles d’opérette avec plusieurs amis de l’Opéra, puis je me décidai enfin à arrêter. J’ai alors travaillé à des traductions de l’allemand, mais c’était une tâche occasionnelle, sans lendemain. Il me fallait trouver d’autres façons de meubler mon oisiveté. J’ai beaucoup réfléchi, et me suis rendu compte que j’avais été toute ma vie l’interprète des autres : interprète des textes anglais que je faisais étudier à mes élèves, interprète des ouvrages que je jouais à l’Opéra ou des mélodies que je donnais en récitals, interprète des auteurs que je traduisais de l’allemand. Je n’avais jamais rien créé de personnel, et je ressentais cela comme une sorte de frustration.

Alors tout naturellement j’ai pensé à l’écriture. Je voyais ma sœur qui, depuis plusieurs années, s’était lancée dans un projet littéraire, et qui avait fait de moi sa relectrice. L’émulation jouant, je me dis : pourquoi ne pas essayer ? Créer des personnages, inventer une intrigue, décrire un milieu, ce doit être passionnant. J’avais beaucoup lu au début de ma vie d’adulte, mais j’étais consciente d’avoir d’énormes lacunes dans ma connaissance de la littérature des dernières décennies, car mon activité d’artiste lyrique m’avait laissé assez peu de loisir pour m’adonner à la lecture. Tant pis, j’allais me lancer ! Me lancer dans l’écriture, et aussi dans la lecture, tout en sachant que je ne pourrais jamais rattraper mon retard en ce domaine.

 

COMMENT J’AI CONÇU PAVANE POUR UNE DIVA DÉFUNTE

Ma troisième vie a commencé en février 2016. Constatant que le milieu que je connaissais le mieux est celui de l’opéra, je me suis donc lancée à l’aventure dans la rédaction d’une nouvelle pour laquelle j’ai choisi d’avancer masquée : ne reculant devant aucune difficulté, je me suis mise dans la peau d’un jeune ténor, dans un petit théâtre du sud de l’Allemagne ressemblant étrangement à celui où j’ai moi-même fait mes débuts. Je faisais vivre à mon héros un certain nombre d’aventures ou catastrophes dont il était l’auteur inconscient. J’y pris goût, la nouvelle se transforma en l’espace de neuf mois (une gestation…) en un roman en cinq épisodes. Mais c’était un premier essai assez peu maîtrisé, j’en étais consciente. Je garde malgré tout une certaine tendresse pour mon premier-né un peu bancal, j’y reviendrai peut-être un jour pour l’amender, lui donner une forme plus consistante. On verra !

Après ce premier accouchement, je ressentis le besoin de récidiver. J’avais en tête l’histoire d’une relation d’amitié entre deux femmes très différentes mais que les circonstances de la vie rendaient complémentaires l’une de l’autre, une diva et une admiratrice. C’est ainsi qu’est née l’idée de Pavane pour une diva défunte. Je passai quelques semaines à inventer la carrière de ma diva Christine Le Bars, la carrière idéale de mezzo-soprano que je n’avais pas eue moi-même. J’établis une chronologie détaillée de ses prises de rôles et des divers moments marquants de sa vie, pour établir en parallèle le déroulé de la vie de Gaële Le Bihan, celle qui deviendrait son amie, sa chroniqueuse et son alter-ego. À cette même époque, en octobre 2016, je lus le roman de David Foenkinos, Le mystère Henri Pick, qui me passionna et qui m’inspira l’idée de la dernière partie du livre (mais je n’en dirai pas plus pour ne pas déflorer complètement mon sujet…).

L’écriture proprement dite du roman a duré un an et demi, de novembre 2016 à mars 2018, suivie pendant une bonne année de nombreuses relectures et de remaniements. Ma sœur m’a rendu la pareille en se chargeant de relire l’ouvrage, et même ma mère s’y est mise, alors âgée de 97 ans, armée de sa loupe et d’un crayon, retrouvant ses vieux instincts de professeur de français pour corriger mes redites ou coquilles !

La pandémie de Covid-19 a ensuite freiné toutes mes velléités. Les divers confinements, couvre-feu et soumission aux gestes barrières ne me permettaient pas de trouver la sérénité nécessaire pour le difficile exercice d’écriture. La nouvelle dont j’avais jeté les premières bases à l’été 2018 et entamé la rédaction au cours de l’année 2019 est restée longtemps à l’état de canevas incomplet, et je n’ai réussi à l’achever qu’à l’automne 2021, au moment où paraissait ma Pavane. J’espère retrouver bien vite un climat plus apaisé, une vie libérée de l’angoisse de la pandémie, pour me remettre à l’écriture, car écrire est devenu pour moi une nécessité, au même titre que voyager, rencontrer mes amis, aller à l’opéra ou randonner (autre passion dont j’ai été frustrée pendant tant de mois).  Le seul point positif que j’ai pu trouver dans cette période stressante a été de me laisser énormément de temps pour lire.

 

L’auteur

CLAUDINE CHASTAGNOL a poursuivi des études de langues (anglais et allemand) aux universités de Rennes, Nanterre et Paris IV-Sorbonne, parallèlement à l’étude du chant classique à la Schola Cantorum de Paris et au Mozarteum de Salzburg. Après quelques années, elle a délaissé l’enseignement de l’anglais pour se consacrer à la musique.

Engagée tout d’abord en Allemagne (Chœur du festival de Bayreuth, opéras de Cologne et d’Ulm, où elle a interprété plusieurs rôles de mezzo-soprano), elle intègre ensuite le chœur de l’Opéra National de Paris, où elle effectue l’essentiel de sa carrière. Elle se produit également en France comme soliste lors de concerts de mélodies et Lieder ou de spectacles d’opérettes.

Elle a signé des traductions de l’allemand pour des ouvrages ayant trait à la musique ou au chant.  Pavane pour une diva défunte est son premier roman.

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