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1)Comment et pourquoi en êtes-vous venu à l’écriture?
Mon grand-père. Il a écrit ses mémoires avant de partir et j’ai trouvé l’idée intéressante. Laisser un souvenir à sa famille. J’ai commencé à mon entrée dans l’armée. Petit à petit l’orientation ainsi que le but du livre adévié…de 180°. Jusqu’à Dijon tout était agréable, facile, je vivais le rêve. Puis tout a basculé. Et je me suis mis à écrire de plus en plus. J’ai tellement été choqué et déçu de voir ce qu’il se passait en unité de combat que je ne pouvais pas rester les bras ballants. Je savais que ma hiérarchie ne ferait rien. En revanche, un roman témoignage peu avoir de l’influence et faire changer les choses.
2)Si vous deviez décrire votre roman autobiographique en un mot, lequel serait-il? Pourquoi?
Un mot: Notice. C’est le mode d’emploi du jeune pilote. Informant sur les sélections mais aussi sur la vie en école et en unité. Bien que certains passages soient romancés je tente au maximum d’être factuel et honnête. Pourquoi? Vous pouvez tout aussi bien vivre des moments magnifiques qu’un cauchemar. Je donne des leçons tirées de mon expérience afin que les jeunes puissent éviter de vivre ce que l’on a vécu. S’en sortir, ou au moins sentir qu’ils ne sont pas seuls. Que nous avons connu ça et que malheureusement cela risque de perdurer après eux.Le but n’est pas de démotiver les jeunes ou de faire peur, mais juste de faire réagir afin que les dérives soient corrigées pour qu’ils puissent s’épanouir totalement dans ce monde, ce qui les rendra d’autant plus efficaces.
3)Vous considérez-vous comme un délateur ou un lanceur d’alerte? A qui s’adresse ce livre?
La délation est une démarche négative. Or je m’adonne uniquement à améliorer la situation. Je n’ai pas écrit pour faire du tort mais pour améliorer les choses. Ce livre s’adresse à tout le monde. Aux candidats au métier de pilote militaire. J’effleure les sélections EOPN afin d’orienter la préparation des jeunes, mais aussi pour leur dire de bien choisir leur affectation à l’avenir…et de ne jamais tomber dans la bêtise. Être pilote de chasse ne fait pas de vous un surhomme. Vous devez rester humble et respectueux de votre prochain. Aux français. Ils doivent savoir comment leurs impôts sont utilisés et gaspillés. Les pilotes, l’armement et autres sont la propriété des français. Lorsque l’on jette des pilotes à la poubelle, bien qu’ils soient doués, qu’on gaspille l’armement et que l’on manque de respect au reste de la population, cela est inadmissible.
En dernier point: à l’État-Major, les choses doivent changer. En période de menace permanente, il faut protéger ses soldats et non les détruire.
4) A quelles difficultés vous êtes-vous confronté en écrivant ce livre?
Pensez-vous vous être mis en danger?La difficulté de la véracité. Ce que je décris sont les choses telles que je les ai vécues. Il va de soi qu’en face le ressenti n’était pas le même. Aussi,il y a la peur des conséquences. En danger? Oui. En quittant l’armée mes collègues voulaient me «black-lister» dans des entreprises civiles. Il est évident que je m’expose à ce genre de représailles. Mais j’ai pris mes précautions.
5)C’est un livre assez complet, une sorte de comédie dramatique moralisatrice. Selon vous, cet ouvrage peut-il changer les idées préconçues des civils sur les militaires et peut-il faire évoluer les méthodes internes du système?
En effet l’image du pilote de chasse va en prendre un coup. Mais je ne fais que raconter. Si les français sont déçus de voir la réalité en face,c’est à l’armée de faire changer les choses etde stopper ces agissements au lieu de penser que la solution est de les dissimuler.J’espère en effet que les méthodes vont évoluer. Mais je n’en suis pas convaincu. C’est pour cela que je publie.
6)Vous révélez quelques secrets de la grande muette, pensez-vous réellement que ce que vous décrivez est totalement inconnu dans les sphères politiques? Si oui, pourquoi personne auparavant n’a alors osé se confronter à la réalité de la situation?
En ce qui concerne le comportement inter et intra unité je pense que les politiques n’en savent rien. Lorsqu’un député ou un ministre visite une unité de combat, il va de soi que le «PIM» ne sera pas nu au milieu de l’escadron.Les gens ne s’y confrontent pas. Pourquoi le feraient-ils? Ce sont des ennuis.On a tendance à ne penser qu’à soi, à sa santé. Une fois que l’on est sorti de cet enfer, les gens s’éloignent et tentent d’oublier.
7)Si vous aviez lu ce livre avant de vous engager, auriez-vous tout de même tenté l’aventure? Si non, qu’auriez-vous entrepris d’autres?
Oui. Je n’aurais rien lâché. Je me bats pour mes convictions. J’aurais certainement tout fait pour éviter ce piège c’est tout.
