Vous écrivez un roman ou souhaitez savoir comment écrire un roman ? Dans cet article, nous verrons les indispensables questions à se poser en amont et tout au long du processus d’écriture. Et leurs réponses pour vous offrir une méthodologie pour écrire un livre… L’objectif est de vous aider à terminer ce roman, de la meilleure des manières.
Quitte à y passer beaucoup de votre temps – écrire, c’est long – autant avoir une méthode pour faire le meilleur roman possible.
Les 7 questions incontournables :
- Pourquoi écrire ?
- Pour qui écrire ?
- Avec quoi écrire ?
- Quand écrire ?
- Quoi écrire ?
- Comment écrire ?
- Beta-lecture et réécriture
Cet article a été rédigé par les conseillers littéraires, chez Publier son Livre.
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1 – Pourquoi écrire ?
On est écrivain quand on a quelque chose à dire et qu’on est le seul à pouvoir dire.
Pierre Baillargeon
Règle numéro 1 : Savoir clairement pourquoi l’on se lance dans l’écriture. Cela permettra d’être au clair avec les exigences que l’on va s’imposer à soi-même, la rigueur attendue tant dans la forme que sur le fond.
Quelles sont les raisons qui poussent à l’écriture d’un roman ?
– Est-ce un défi, une démonstration de force vis-à-vis de soi-même ou de son entourage ? « J’ai dit que j’écrirai un roman un jour, je vais le faire ! »
– Cela répond-il au besoin de laisser une trace, une preuve, un témoignage, un héritage ?
– Est-ce une envie de raconter, un besoin d’écrire, une nécessité presque vitale, une obsession ?
– Cela correspond-il à un objectif professionnel, celui de devenir écrivain et de vivre de sa plume ?
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2 – Pour qui écrire ?
Règle numéro 2 : Identifier sa cible.
Un livre, comme n’importe quel objet doit s’adresser à quelqu’un, à un lecteur type. C’est une des grosses erreurs des auteurs en herbe, que de ne pas savoir pour qui ils écrivent.
Les attentes ne seront pas les mêmes selon l’objectif que vous vous serez fixé. L’exigence de la qualité littéraire ne sera pas la même selon si l’on écrit un roman autobiographique à destination de ses proches, comme un leg, une version de l’histoire familiale, ou si l’on écrit à destination d’un lectorat inconnu à grande échelle.
Il est facile d’imaginer que la famille saura de qui ou de quoi l’auteur parle dans son autobiographie sans qu’il ait besoin d’être très précis sur le caractère de ses personnages ou leur environnement.
À l’inverse, un lectorat anonyme ne sait rien à l’avance. Il découvre tout. Il se laisse conduire par l’auteur, de bout en bout, et doit pour cela lui faire confiance, ne pas se sentir perdu, avoir suffisamment de détails pour que tout soit clair et crédible. Pensez que lecteur n’est pas dans votre tête. Ce qui peut sembler évident pour l’auteur ne le sera pas obligatoirement pour celui qui lit.
Lisez aussi l’article : comment écrire une nouvelle.
3 – Avec quoi écrire ?
Règle numéro 3 : Choisir un environnement de travail confortable et adapté, et utiliser les outils d’écriture qui correspondent à sa pensée et ses habitudes.
Plusieurs outils sont à la disposition de l’auteur :
– le papier-crayon. Certains ont besoin d’allier le geste de l’écriture manuelle pour rédiger. Leur main est l’outil de leur pensée. Elle la prolonge. Elle la ralentit aussi, et leur permet ainsi une mise en mots plus adéquate.
C’est à la fois un inconvénient et un avantage :
– inconvénient parce que cela exige de devoir en faire la retranscription en format numérique par la suite, nombre de maisons d’édition n’acceptant pas le format papier au moment de l’acceptation ou non du manuscrit.
– avantage, parce que c’est aussi l’occasion d’une réécriture, nécessité absolue après un premier jet, comme on le verra plus loin.
– un logiciel d’écriture. L’outil Word ou OpenOffice sont des outils courants d’écriture. Il existe aussi d’autres logiciels que l’on trouve gratuitement sur le web et qui sont des outils facilitateurs pour l’auteur. Ces interfaces d’écriture créent un environnement agréable et facilitant.
Ainsi, Scribbook, Scribay, ou encore Writecontrol. Vous en trouverez la description en allant surfer sur le net. Ils vous permettront notamment d’organiser votre travail au moyen de fiches de personnages, de lieux, de thèmes, en vous aidant quant au chapitrage de votre manuscrit, en permettant une écriture qui ne soit pas seulement faite à la suite mais plus en lien avec votre inspiration du moment. Pourquoi ne pas écrire le chapitre 10 avant le 7ème si telle est votre envie et votre inspiration du jour. Cela évite du reste le risque de la page blanche. Ces logiciels aident à la mise en forme par la suite, à reconstituer le puzzle, ils ôtent des contraintes.
– un environnement adapté. Écrire un roman exige beaucoup d’heures de travail. Il faut adapter son lieu d’écriture à cette contrainte. Au-delà de l’outil (crayon ou ordinateur), penser au bureau, à l’espace matériel de travail : de quoi poser vos prises de notes, les fiches de recherche que vous avez faites. Pensez à une bonne luminosité pour protéger vos yeux, un fauteuil confortable, si possible avec accoudoirs pour reposer vos bras et vos poignets, notamment si vous tapez sur un clavier. Prenez soin de votre dos et surélevez vos jambes.
Consultez aussi nos listes d’ateliers d’écriture.
4 – Quand écrire ?
Règle numéro 4 : Fixer une date butoir raisonnable et définir une routine de travail.
L’écriture est comme un muscle, le saviez-vous ? Il faut vous entraîner. Tout le temps. Régulièrement. Et comme en sport, mieux vaut moins chaque jour, que beaucoup de temps en temps.
Rythme et échéance.
Fixez-vous une échéance raisonnable. Se fixer un nombre de mots par jour.
Si vous savez que vous écrivez 1000 mots par heure, que vous écrivez une heure par jour, et que votre dead-line est dans trente jours, inutile d’espérer écrire trois tomes de huit cents pages !
1000 mots X 1 heure X 30 jours = 30 000 mots
Si l’on compte une moyenne de 300 mots par page A4, cela donnerait un tapuscrit de 100 pages A4, soit environ 200 pages en format livre de poche.
Imposez-vous un rythme de travail, chaque jour si possible, choisissez un moment calme (le matin très tôt ou bien le soir), quand toutes les sollicitations extérieures ne risquent pas ou plus de vous déranger. Privilégiez le silence et la concentration. Ne soyez pas distraits par les notifications de votre téléphone portable, les appels. Ne faites pas plusieurs choses à la fois. L’inspiration est exigeante. Il faut lui offrir les meilleures conditions. Choisissez un coin calme pour vous installer, un bureau, une chambre, mais loin de l’agitation du quotidien.
Travailler régulièrement est indispensable. Mais il faut aussi savoir prendre du recul vis-à-vis de ce que l’on écrit, fermer le livre de temps en temps et le laisser « reposer ». Souvent, après ce temps, il est plus facile de devenir soi-même critique de ce que l’on a écrit et relever les imperfections, les incohérences, les maladresses que l’on n’avait pas vu quand on avait « la tête dans le guidon ».
5 – Quoi écrire ?
Règle numéro 5 : Avoir un message à transmettre à ses lecteurs.
Il existe plusieurs genres de romans : roman historique, roman épistolaire, roman-mémoires, roman d’amour, roman policier, roman thriller, roman d’anticipation …
Quel genre de roman souhaitez-vous écrire ? Cela découle non seulement de ce que l’auteur souhaite partager avec ses lecteurs, mais aussi de la réponse à la seconde question évoquée plus haut : pour qui ?
Imagination d’une intrigue, invention d’un univers, restitution de faits avérés… ou même, mélange des genres. Tout est possible dans l’écriture, tant que cela est crédible et cohérent.
Ce qui compte avant tout, c’est de transmettre une émotion, quelle qu’elle soit. Le lecteur doit éprouver quand il lit, qu’importe ce qu’il éprouve, tant que ce n’est ni l’agacement ni l’ennui.
Un lecteur sera agacé s’il s’ennuie parce que ce qu’il lit est empli de poncifs ou de langues de bois, parce que l’auteur fait l’étalage de références qu’il n’a pas, ou bien parce que trop d’incohérences prouvent que l’auteur n’a écrit que pour lui-même sans se soucier de son lecteur, qu’il s’est fait plaisir à lui, qu’importe les autres.
Au contraire, ce qui compte, c’est que le lecteur soit touché, qu’importe s’il adhère ou non au point de vue de l’auteur. Ce qui compte, c’est qu’il se sente concerné, qu’il éprouve l’envie de poursuivre.
Tout l’art du roman vise sans doute à nous tirer d’impatience et à nous composer un plaisir d’attendre qui ne s’use point. Par cette précaution, un vrai roman est toujours trop court.
Citation d’Alain
6 – Comment écrire un roman ?
Règle numéro 6 : Préparer l’écriture en amont. Faire des choix narratifs, déterminer des plans d’actions, établir des fiches de personnages, lieux et temps.
Comment créer le plan de son roman ?
Une formule magique : NON
Une méthode : OUI
– les partis-pris
Une fois définis la cible, le genre, le message, une fois en possession des outils et du bon environnement, il est temps de faire d’autres choix essentiels à l’écriture :
Qui est le narrateur ? Quel point de vue de la narration ? Il en existe trois.
– Si c’est le personnage principal, le récit s’écrira à la première personne. C’est une vision subjective du récit. Le lecteur s’identifiera à ce héros, ses paroles, ses pensées. Il en prendra le parti. On parle du point de vue interne.
Exemple : « En me regardant dans le miroir, je vis un homme fatigué, les yeux cernés de noir ».
Les deux autres points de vue s’écrivent à la troisième personne du singulier ou du pluriel.
– Le point de vue omniscient : Le narrateur connaît tout de l’histoire, des personnages, des décors. Il connaît les pensées, la façon d’agir, les moindres faits et gestes de ses personnages. Le récit est rapporté de manière neutre et objective. L’auteur laisse ainsi peu de place à l’imagination du lecteur.
Exemple : « En se regardant dans le miroir, Louis se trouva l’air fatigué avec les yeux cernés de noir ».
Enfin, le point de vue externe : L’auteur se place en observateur extérieur pour raconter l’histoire. Il rapporte ce qu’il voit, ce qu’il entend, il décrit l’action telle qu’elle se passe, comme si elle était filmée par une caméra. Le récit est alors plus objectif et laisse plus de place à l’imagination du lecteur, le narrateur ne décrivant que ce qu’il voit, ne prenant pas parti.
Exemple : « Dans le miroir, Louis avait l’air fatigué, les yeux cernés de noir ».
Dans tous les cas, quel que soit le choix narratif fait par l’auteur, celui-ci prendra soin de ne pas tout dire, mais préfèrera toujours stimuler l’imagination de son lecteur afin de le faire s’impliquer dans sa lecture, le faire devenir acteur.
Exemple : à la phrase « Il finit sa bouteille de whisky et marcha dehors tout de travers parce qu’il était complètement saoul », préférer « Après un n-ième verre d’alcool, il sortit dehors en titubant ». Le message est le même, mais le lecteur est davantage mis à contribution dans les inférences que fait l’auteur, il se fait ses propres images.
Quel temps du récit ? Quel style ? Quel niveau de langage ? Quel rythme ?
Là encore, l’auteur doit répondre en amont à ces questions. Parlera-t-il aux temps du passé ou au présent de l’indicatif ? Le style sera-t-il soutenu ou bien nombre de dialogues permettront-ils un langage plus courant ? Sera-t-il direct ou indirect ? Ou bien les deux ? Le rythme d’écriture doit s’adapter aux évènements du récit : rapide pour des faits soudains, phrases courtes, ponctuation adéquate.
Exemple : « Manon entendit un bruit sourd. Son cœur s’emballa. Il lui sembla que quelqu’un était entré. Elle se sentit prise au piège. »
Le rythme sera plus lent pour les descriptions des ressentis, de l’environnement, des personnages, les phrases sont plus longues, détaillées, plus lyriques.
Exemple : « Manon s’installa tranquillement sur le canapé confortable du salon, la tête bien calée sur un coussin de velours rouge qu’elle avait acheté la veille dans une petite boutique de décoration qu’elle adorait, rue Marceau. »
Ne pas oublier : la forme est au service du fond.
– le plan d’actions
On écrit bien que ce que l’on pense bien.
Il y a deux écoles opposées sur cette question. Certains auteurs préfèrent écrire « comme ça vient », au fil de l’eau. D’autres préfèrent définir en amont un plan général, écrire un synopsis du livre. Chacun sa méthode, bien sûr.
Toutefois, de notre point de vue, un plan est un outil essentiel à mettre en place. C’est la méthode que nous privilégions.
Bien entendu, un premier jet s’écrit selon son inspiration. Pour la trouver, pour l’exprimer, il faut souvent laisser venir à soi les mots, laisser libre cours, ne pas se censurer. C’est ainsi que l’histoire et les personnages peuvent parfois échapper à l’auteur, aller dans des directions qui n’étaient pas envisagées au départ. C’est là la magie de l’écriture d’un roman (en dehors du roman-mémoires qui n’est qu’un rapport d’évènements vécus ou ressentis).
Pourtant et paradoxalement, cette liberté s’exploite plus facilement au sein d’un cadre préalable. C’est la condition sine qua non d’un récit cohérent.
Un roman doit suivre un code, celui du récit :
Situation initiale – élément perturbateur – péripétie – résolution de problème – situation finale.
Pour cela :
– Réaliser des listes d’événements, les organiser dans l’ordre du roman, découper son livre en scènes, en chapitres. Un tableau est souvent un bon outil :
Exemple :
Numéro de chapitre | Résumé | Lieu | Événement | Personnage | Nombre de mots |
Chapitre 1 | Constance se lève avec un énorme mal de tête. Elle ne se souvient plus de ce qui s’est passé la veille. Autour d’elle, son appartement est tout retourné et la porte d’entrée est restée grande ouverte. | L’appartement de Constance, sa chambre quand elle se réveille, le salon, le couloir menant à l’entrée. | Mal à la tête. Amnésie. Que s’est-il passé la veille dans cet appartement ? | Constance. | 1850 mots. |
Etc. |
Le nombre de mots par chapitre permet de vérifier un certain équilibre entre eux.
Une fois ce travail fait pour l’ensemble du roman, la création de fiches est indispensable. Cela peut paraître à priori rébarbatif, mais en réalité, cela fait gagner un temps précieux.
– Fiches sur les personnages : ce sont les plus importantes, parce que tous ces détails vont déterminer leurs rôles dans l’histoire, leurs actions, leur évolution au fil du récit. Cela vaut pour les personnages principaux, mais aussi pour les personnages secondaires. Tous doivent avoir un caractère. C’est ce qui donnera de la matière, du corps au roman.
Dans l’exemple ci-dessus, qui est Constance ? Son nom, son âge, sa profession, sa catégorie sociale, son caractère, son aspect physique, son environnement, sa famille, ses qualités et ses défauts, son style vestimentaire, son allure, son style de vie, ses loisirs, ses amis, ses pensées, ses rêves, ses secrets, ses habitudes, ses goûts, sa scolarité, son histoire, ses habitudes, ce qu’elle aime, ce qu’elle déteste, sa couleur préférée, ses habitudes alimentaires…
Notez aussi le rôle que chaque personnage tiendra dans l’histoire, sa relation avec les autres, comment il est perçu, comment il se perçoit lui-même, son point de vue de l’histoire…
– Fiches sur l’espace et le temps : dans quelle ville, dans quel quartier, dans quel immeuble, comment est l’appartement de Constance ? À quelle époque se déroule l’histoire ?
L’objectif de ces fiches est de donner du corps, de la matière à votre roman. Les personnages, l’époque et les lieux vont être ce qui va habiter l’auteur pendant tout le temps de l’écriture, et le lecteur après lui tout au long de sa lecture. Pour se sentir concerné et investi, il faut que tout soit vraisemblable, à tout le moins cohérent.
7 – Beta-lecture et réecriture
Règle numéro 7 : Relire, faire relire, corriger, réécrire.
Un premier jet exige toujours une, voire plusieurs réécritures. On parle aussi de relectures.
Tant sur la forme que sur le fond, le roman terminé doit être irréprochable.
– Être dépouillé de toute erreur de langue : fautes d’orthographe, de grammaire, de concordances de temps.
– Avoir un lexique et un niveau de langage adapté.
– Être cohérent sur le fond, ne pas laisser de portes ouvertes non refermées. Faire attention aux intrigues secondaires.
Conseils :
– raconter son histoire à voix haute à quelqu’un. C’est un bon indice pour confirmer ou non son intérêt.
– faire lire son livre à voix haute par un tiers. Prendre la place de son futur lecteur est d’une grande aide pour déterminer soi-même ce qui fonctionne ou pas, l’intérêt, la pertinence de certains passages, la qualité de son écriture, sa musicalité, la cohérence de son propos, les longueurs, les trop grandes inférences qui nuisent à la clarté de l’histoire. En effet, l’on n’entend pas toujours ce que l’on pense. Ce qui semblait bien conçu peut s’avérer confus à dire ou à écouter.
– le confier à plusieurs bêta-lecteurs afin de collecter leurs points de vue. La critique est toujours profitable à l’auteur. Il lui revient d’être à l’écoute de ce qu’il y a à améliorer, à modifier, voire à supprimer.
– le corriger ou le faire corriger. Il faut savoir que l’œil voit ce qu’il veut voir. L’auteur est souvent le moins bien placé pour corriger lui-même son roman. Un lecteur extérieur aura un regard plus averti, à condition qu’il ait le niveau adéquat bien entendu.
Conclusion
Pour écrire un roman, il faut beaucoup de motivation, de détermination, d’endurance aussi. À cela, il faut parfois ajouter beaucoup d’imagination, un esprit autocritique, une rigueur impérative liée à la cohérence, une maîtrise de la langue écrite, et pourquoi pas, si possible, une certaine dose de talent.
Ainsi, s’il n’y a pas de formule magique pour écrire un bon roman, il existe heureusement une méthode, des outils, des bonnes pratiques.
Tous les conseils de cet article devraient vous permettre d’écrire votre roman enveloppé d’une certaine confiance, d’une bienfaisante sérénité. Vous avez toutes les billes en main.
Et n’oubliez pas de soigner votre incipit. En littérature aussi, l’on ne fait qu’une seule fois bonne première impression.
À votre plume !